Alors que la campagne s’annonce, le ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation tente de donner des gages aux candidats à la prochaine présidentielle. Il leur promet neutralité, soutiens financier et sécuritaire.
L’élimination des poids lourds de la course, la reprise en main par le gouvernement de l’organisation des élections autrefois confiée à une CENI (Commission électorale nationale indépendante), la candidature indue du président de la transition…sont autant de facteurs qui ne rassurent pas sur la transparence du scrutin présidentiel à venir. Alors que Mamadi Doumbouya semble favori, bien des Guinéens, dont des candidats, dénoncent des manœuvres du ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation pour faire triompher, haut la main, son champion au soir du 28 décembre prochain.
Offensive de charme
Le MATD, à travers la Direction générale des élections (DGE), tente de rassurer. Le 22 novembre à son siège, l’institution a réuni les candidats (ou leurs représentants) pour les impliquer dans le processus d’organisation. L’ordre du jour portait sur l’accompagnement financier des candidats, leur sécurisation durant la campagne électorale ainsi que la désignation des délégués dans les bureaux de vote et les Commissions administratives de centralisation des votes (CACV).
La directrice générale des élections a rappelé que le Code électoral octroie aux candidats en lice une subvention leur permettant de bien mener leurs activités pendant le processus électoral. Une somme qui, selon Djénabou Touré, devra être utilisée conformément aux articles 274, 281, 282 et 283 du Code. Histoire de tenir la balance égale entre les challengers et de clarifier le mode d’utilisation des fonds.
Étaient également présents, des organismes comme l’ONASUR et le Haut commandement de la gendarmerie nationale. Devant eux, les responsables de la DGE ont expliqué les mécanismes prévus pour sécuriser les candidats pendant la période électorale.

La DGE a par ailleurs expliqué aux candidats la procédure de désignation de leurs représentants dans les bureaux de vote et dans les commissions administratives de centralisation des votes (CACV).
La DGE justifie sa démarche par la volonté d’assurer une « coordination optimale et de garantir un processus électoral transparent et apaisé. »
« Un processus électoral opaque »
L’institution se félicite, dans un communiqué, que sa démarche emporte l’adhésion générale : « Les candidats ont unanimement salué le travail de la DGE, soulignant la clarté des informations fournies et la qualité de la préparation du scrutin. Cette rencontre marque une étape importante dans la mise en place d’un cadre électoral inclusif et rigoureux. »
Seulement voilà, Faya Millimouno, un des neuf prétendants au fauteuil présidentiel, n’est pas du même avis. « Nous assistons à une dérive assumée, caractérisée par un processus électoral opaque, entièrement contrôlé par la junte, une DGE acquise à la cause du pouvoir ; des fonctionnaires, administrateurs territoriaux et délégations spéciales sous contrôle militaire, un climat de peur, de manipulation et de verrouillage des espaces démocratiques. Le tout soutenu tacitement par certains acteurs de la communauté internationale et des multinationales complices. »

Pendant que Djénabou Touré et la DGE tentaient de rassurer les candidats à Conakry, son patron, Ibrahima Kalil Condé, prônait, dans les villes de l’intérieur du pays, la « neutralité » des administrateurs territoriaux dans le processus électoral. Le ministre de l’Administration du territoire les invite à placer les compétiteurs sur le même pied d’égalité : « Je me suis donné la peine de venir conseiller les administrateurs territoriaux sur la neutralité, la transparence pendant cette élection et leur demander de traiter tous les candidats de manière équitable. » Plus facile à dire qu’à faire.
Yacine Diallo



