Le rapport ITIE 2017 sur la Guinée a été publié ce mercredi 12 juin 2019. Il note que les revenus miniers ont augmenté de 46% par rapport à 2016, avec 4 548 milliards de GNF (505 millions d’USD), revenu tiré principalement par la bauxite qui a représenté 76% des revenus issus du secteur extractif en 2017. C’est la moisson annuelle la plus sucrée du Trésor public depuis 2006, excepté 2011 où la Guinée avait reçu de Rio Tinto le paiement transactionnel exceptionnel de 700 millions d’USD.
Avec l’arrivée du consortium SMB Wining, le rythme de la production a explosé à près de 30 millions de tonnes en 2017 soit +150% en un an, faisant de lui le premier contribuable minier en Guinée, avec 1 649 milliards de GNF, dont 802 milliards venant de la SMB elle-même, et le restant révélé par les déclarations unilatérales de Winning (608 milliards) et UMS (239 milliards) en tant que sous-traitants. Cependant, cette contribution a baissé de 25% par rapport à 2016, une baisse, dit-on, qu’on pourrait imputer au coût des investissements dans l’extension de ses capacités de production. Vient ensuite la CBG, avec plus de 1 000 milliards GNF, alors que sa production représente désormais la moitié de celle de SMB.
L’augmentation des revenus miniers en 2017 est due principalement aux taxes minières et aux droits de douanes. Le rapport précise que la Guinée a amélioré deux domaines importants : l’enregistrement des propriétaires réels des titres miniers, et l’intégration des sous-traitants miniers au sein du périmètre de l’ITIE, créant ainsi grâce aux déclarations de plus en plus détaillées les conditions pour que les entrepreneurs Guinéens identifient des opportunités de partenariats dans le secteur. Le nombre de sous-traitants miniers s’est accru de 11 en 2014, à 19 en 2016, puis 36 en 2017. L’ensemble des revenus provenant des sous-traitants a quadruplé en un an, souligne le rapport avec 1 016 milliards de GNF (112,8 millions d’USD) en 2017, passant de 8% à 24%, dont 80% provient du consortium SMB Winning.
Les sociétés comme SOGUIPAMI et ANAIM, profitent également avec une croissance de 11% de leurs revenus (35 millions d’USD). Cet accroissement est principalement dû au doublement des revenus de SOGUIPAMI (31 milliards de GNF) alimentés par les droits de suite (2,16 millions d’USD nets, contre 75 222 USD en 2016) relatifs à l’accord de novembre 2016 qui a permis à SMB de récupérer le permis du bloc de Malapouya appartenant à l’Etat.
Les entreprises chinoises (Henan, CPI et Chinalco) dont les titres entrent dans l’accord-cadre de 2017 entre la Guinée et la Chine pour le financement des infrastructures en échange de l’octroi de ressources minières, font leur première apparition dans le rapport ITIE. Cet accord, brièvement présenté dans ce rapport, prévoit un décaissement de 20 milliards USD entre 2017 et 2036, emprunt que l’Etat guinéen remboursera grâce aux revenus générés par les entreprises chinoises. Au titre de 2017, Henan a déclaré des paiements à l’Etat de 16 milliards de GNF pour une production de 2,7 millions de tonnes, et CPI 414 millions de GNF. Si les revenus miniers renflouent les caisses, il y a le risque d’une dépendance accrue de la Guinée vis-à-vis de son secteur extractif qui, malgré son poids important, n’a généré que 0,4% des emplois.
Les revenus miniers reversés au sein des communautés (redevance superficiaire, contribution au développement local, paiements sociaux des entreprises) connaissent également un bond de 55%, s’établissant à 94 milliards de GNF.
Oumar Tély Diallo