Afrobaromètre, organisation à but non lucratif basé au Ghana, a publié un rapport d’enquête, le 19 juin, dans lequel elle révèle que le phénomène de la corruption est en hausse en Guinée. L’équipe d’Afrobaromètre en Guinée a été conduite par Stat View International qui s’est entretenue avec 1.200 adultes guinéens entre novembre-décembre 2019. Selon les résultats, presque deux tiers des Guinéens (63%) estiment que le niveau de la corruption a « beaucoup augmenté » ou « quelque peu augmenté » pendant l’année 2018.
Le niveau de la corruption Les juges et les magistrats sont perçus comme étant la frange des fonctionnaires la plus corrompue, avec 56% des citoyens qui pensent qu’ils sont «tous» ou «la plupart d’entre eux» impliqués dans les affaires de corruption. Ils sont suivis par les agents des impôts (50%) et les policiers et les gendarmes (49%).
«L’enquête d’Afrobaromètre réalisée en fin 2019 montre que la plupart des Guinéens pensent que le niveau de la corruption est à la hausse et les efforts du gouvernement de lutter contre ce fléau sont insatisfaisants. Les juges et magistrats, les agents des impôts, et les policiers sont perçus respectivement comme étant les corps les plus corrompus pendant que les chefs religieux et traditionnels ont plus de crédibilité que le personnel du service public. Par conséquent, la confiance des citoyens envers les institutions est faible, ce qui est susceptible d’entraîner des défiances populaires. La corruption est aussi aggravée par une peur grandissante de représailles si les citoyens signalent les cas de corruption. D’ailleurs, de nombreux citoyens ont fait recours à la corruption pour obtenir des services et avantages dans le secteur public».
Selon les chiffres, près de deux tiers des Guinéens (63%) estiment que le niveau de la corruption a augmenté «beaucoup» ou «quelque peu» pendant l’année écoulée. Si cette proportion est sensiblement la même qu’en 2017 (62%), Afrobaromètre fait constater qu’en revanche, elle était de 38% en 2015. En plus, si la proportion des femmes (62%) qui estiment que la corruption a «beaucoup» ou « quelque peu » augmenté est légèrement inférieur à celui des hommes (65%), cet écart est largement plus important entre le milieu rural (58%) et le milieu urbain (73%). Tandis que les Guinéens sans instruction formelle (60%) perçoivent moins ce phénomène que ceux avec un niveau primaire ou plus (66%-68%). Et que les citoyens les plus pauvres (71%) ont beaucoup plus tendance à percevoir l’augmentation du niveau de la corruption que leurs compatriotes mieux nantis.
Malgré les engagements pris par le gouvernement dans la lutte contre ce fléau, «une écrasante majorité (82%) des Guinéens évaluent la performance du gouvernement dans la lutte contre la corruption comme étant « plutôt » ou « très » mauvaise, le même niveau de désapprobation qu’en 2017, après une dégradation depuis 2015.
Cette faible évaluation de la performance du gouvernement dans la lutte contre la corruption semble être partagée à travers les groupes socio-démographiques, même si les femmes (84%), les citadins (87%), les plus éduqués (88%), et les plus pauvres (87%) sont plus critiques…».
En cette période de crise sanitaire, avec la confiance dont ils bénéficient auprès des citoyens, «les chefs traditionnels et les religieux pourraient être utiles dans la sensibilisation pour la lutte contre la pandémie mais aussi pour le respect des mesures prises par les autorités étatiques. De plus, note le rapport, le gouvernement devrait s’atteler à créer de véritables conditions de transparences pour une meilleure traçabilité des capitaux qui doivent servir la lutte contre la pandémie et renforcer la résilience du pays pour son développement.
Malgré les réformes judiciaires, notamment, l’adoption en juillet 2017 de la loi relative à la lutte contre la corruption qui dispose que désormais «les crimes économiques sont imprescriptibles», ainsi que l’éviction en juin 2018 des directeurs généraux de l’Office Guinéen des Chargeurs (OGC) et celui de l’Office Guinéen de Publicité (OGP) ainsi que leurs agents comptables pour suspicions de malversations, la Guinée reste toujours classée parmi les pays les plus corrompus dans le monde, occupant la 130e place sur 180 pays de l’Indice de la Perception de la Corruption dans le secteur public de Transparency International en 2019.