Le 17 septembre, le procès du général Mathurin Bangoura, le gou-berneur de la ville de Conakry, poursuivi pour abus d’autorité et entrave au droit de manifester, a été de nouveau reporté. Motif, le juge et le substitut du procureur en charge du dossier ont été mutés. Ni le prévenu, ni son avocat n’ont répondu présent. C’est ainsi que le président du tribunal, Ibrahima Kagbélé Bangoura, a renvoyé l’audience au 1er octobre 2018.
À cet effet, le procureur de la République Lansana Sangaré, a sollicité au tribunal le renvoi de l’audience à une date ultérieure le temps pour lui d’étudier le dossier. Maître Salifou Béavogui, l’avocat de la partie civile, a rappelé l’origine de cette affaire : « Cette affaire est partie d’une situation directe qui a été délivrée le 25 juillet 2018 à la requête de Ibrahima Diallo et de Sékou Koundouno (NDLR: membres des forces sociales). Pour l’audience correctionnelle du 31 juillet 2018, advenue cette date, l’audience s’est tenue, la caution a été fixée conformément à l’article 460, à la somme de 1 million de francs guinéen versée au greffe contre récit. Et l’audience contradictoirement renvoyée à ce matin 17 septembre 2018 pour l’ouverture du procès. Je signale au passage que le gouverneur a constitué un confrère pour assurer sa défense ». Comme pour dire qu’il n’y avait aucune astuce qui devait empêcher l’ouverture des débats ce lundi à partir du moment où le prévenu a pris un avocat pour assurer sa défense. «Il n’a aucune excuse parce que, et lui, et son avocat étaient suffisamment informés » a indiqué Maitre Salifou Béavogui. Cependant, il dit accepter la décision du juge pour deux raisons : «Nous de la partie civile, nous avons accepté que ce dossier soit renvoyé pour le respect du principe du contradictoire et pour le respect que nous avons pour monsieur le procureur de la république qui, malgré ces affectations, malgré cette reprise de la nouvelle équipe qui est très attentive au tribunal de Kaloum qui a retenu la date d’aujourd’hui, donc les diligences qui ont été accomplies par le procureur que nous saluons au passage, que nous respectons, et ces diligences ont permis que cette audience se tienne, nous ne pouvons pas être sanguin jusqu’à lui refuser le droit de renvoi qu’il avait sollicité. Nous avons accepté le renvoi à cause de lui, pas à cause du prévenu parce que nul n’est au-dessus de la Loi. Le prévenu était suffisamment informé que cette audience se tenait. Qu’il soit là ou pas, l’affaire aurait pu être évoquée, débattue, une décision serait intervenue sous la sagacité et la direction du juge président en charge de l’affaire, conformément à la loi».
Pour rappel, c’est suite aux lettres numéros 038 et 053, formulées par les forces sociales en date du 20 juillet 2018, que les communes de Dixinn et de Matam ont autorisé la marche des forces sociales pour le 23 juillet 2018, sur l’itinéraire rond-point Tannerie échangeur Kenien-Bellevue-esplanade du 28 septembre pour protester contre l’augmentation du prix du carburant à la pompe. A la veille de cette marche programmée, le gouverneur de Conakry a fait un communiqué radiotélévisé interdisant la marche « en violation des dispositions de l’article 10 de la Constitution et 623 du code pénale ». Dans ce cas, Maître Salifou Béavogui estime que le « coupable » des infractions d’abus d’autorité et entrave au droit de manifester prescrit par les articles 643 et 625 du code pénal serait bien Mathurin Bangoura. Le tribunal a ordonné la comparution du gouverneur Mathurin Bangoura le 1er octobre. S’il est reconnu coupable, il risque une peine d’emprisonnement allant de 1 à 6 mois.