Le recrutement d’un cabinet d’ingénierie pour mettre à jour le site central de la CENI est le nouveau bras de fer entre l’institution électorale et l’opposition guinéenne. Celle-ci soupçonne celle-là d’agir dans l’ombre pour se taper un fichier électoral « révisé » à sa manière. Le 29 mai dernier, l’Ufdg a écrit à l’Agence de régulation des marchés publics (ARMP) pour faire un recours contre « la procédure engagée par la CENI dans le cadre de l’appel d’offres restreint relatif au marché de recrutement d’un cabinet d’ingénierie pour la fourniture d’une solution complète de gestion du fichier électoral biométrique de la République de Guinée qu’elle a lancé suivant lettre N°139/CENI/BN du 17 mai 2019 ».

Signataire de l’accord du 12 octobre 2016, membre du comité de suivi pour la mise en œuvre dudit accord, l’UFDG estime qu’il y a eu de graves manquements au Code des marchés publics se référant aux dispositions de l’article 214 dudit code. Le parti demande la reprise de la procédure à l’effet de faire respecter scrupuleusement les dispositions légales. Le parti du chef de bile de l’opposition a cité plusieurs violations, pour fonder ses soupçons. Entre autres, le présent marché qui devrait être soumis au contrôle préalable de l’ACGP. Ce qui n’a pas été le cas. Il n’y a pas eu d’avis de présélection publié dans le Journal Officiel ou dans d’autres organes de presse ; il n’y a pas eu d’offres permettant de constituer une short list et nul ne sait dans quelles conditions la liste figurant dans la lettre de la CENI a été constituée. La liste retenue par la CENI ne permet pas l’identification des soumissionnaires, faute d’adresse complète et de nationalité, comme cela sied en pareille circonstance ; le délai imparti (14 jours) pour la formulation des propositions est insuffisant compte tenu de la complexité de la prestation et aucun cabinet ne peut faire une proposition crédible dans un tel délai (sauf s’il a été préalablement copté et préparé à cet effet). Excusez du peu !

Pour certains, ce machin électoral avait commencé à gagner de la crédibilité des acteurs politiques. En se faisant ainsi épingler, la main dans le sac en plein jour, la CENI a perdu la confiance en un temps record. Aussi, la recomposition de l’institution électorale n’aura-t-elle pas réglé le déficit de confiance et crédibilité. Celles-ci déficit demeureront tant que l’on n’aura pas une CENI réellement technique, sans accointance politique. Après avoir donné la part du lion au Rpg-arc-en-ciel dans la nomination des commissaires sans grades aux postes de dirlo des sept départements de la CENI, il ne fallait pas s’attendre à un miracle avec le Prési, Sali flou-flou Kébé.

Il faut rappeler que dans un communiqué en date du 20 mai, la CENI a informé que conformément au schéma d’activités opérationnelles défini à l’issue de sa retraite de Kindia, elle est à pied d’œuvre pour l’élaboration du dossier d’appel d’offre (DAO) en vue du recrutement de l’opérateur international qui aura la lourde charge de réviser le fichier électoral. « Un opérateur local sera également sélectionné sur une base concurrentielle pour un ancrage local de l’ensemble des activités. Quant à la mise à jour du site central de la CENI et l’acquisition de logiciels dédiés, les appels à candidatures ont été adressés à sept firmes depuis le vendredi 17 mai 2019 ». Même que ces opérateurs ont été sélectionnés dans le strict respect des procédures en vigueur.

Selon des indiscrétions à la CENI, la transparence, un mot qui devrait être le leitmotiv de l’Institution, a disparu du vocabulaire électoral en Guinée. Dame Djénabou Touré, qui trône sur le département Fichier électoral, aurait, en toute opacité, dressé une short list de sept sociétés qui devaient soumettre leurs offres le 31 mai dernier. Le ministère de l’Economie et des Pitances se serait tapé la gentillesse de donner son quitus pour passer outre le délai de 45 jours que prévoit la loi sur les marchés publics. Cerise sur le cadeau, toutes ces démarches n’auraient fait l’objet d’aucun débat en plénière à la CENI, encore moins, entérinées par celle-ci. Interrogée sur cette présélection des cabinets d’ingénierie, dame Touré a préféré esquiver la question. Les mauvaises langues estiment que ce louvoiement de dame Fichier électoral sur une question aussi simple montre que la CENI est retombée dans ses déboires d’antan. Cette fois-ci, l’opposition ayant de vrais techniciens en matière de fichier électoral dans la nouvelle CENI, aptes à donner du fil à retordre à dame Touré, la manipulation à souhait du fichier semble compromise.

Voici les sept cabinets présélectionnés dans la plus totale des opacités : INNOVATRICS, NEUROTECHNOLOGY, CORBIT BVBA, BRI TECHNOLOGIES, ICD, HSB IDENTIFICATION B.V et LAXTON. Avec cette méthode antique de présélection, l’institution censée incarner la transparence n’augure pas un climat politique serein.

Ci-dessous les deux courriers de la CENI et l’UFDG

 

Lettre CENILE 1

 

Lettre CENILE 2

Lettre UFDG 1

Lettre UFDG 2

Abdoulaye S. Camara