Les musulmans de Guinée à l’instar de leurs coreligionnaires de la sous-région s’apprêtent à célébrer l’Aïd-el-Kebir (Tabaski) ou fête des moutons les jours à venir. Les préparatifs de la fête s’annoncent moroses. Le vendredi 09 août, le marché niger dans la commune de Kaloum n’a pas connu la grande grande affluence d’antan, où bon nombre de personnes se bousculaient pour se procurer vêtements et autres articles pour la fête. Cette année, pour avoir une tenue de fête pour enfants, il faut débourser 200 000GNF, 300 000GNF voire plus. Cette hausse des prix est l’une des causes de la rareté des clients. « Les affaires ne marchent plus comme avant. Nous ne recevons pas assez de clients contrairement aux autres années. Actuellement, tout le monde galère. Avant j’accueillais des dizaines de personnes par jour, maintenant rien ne va. Les gens n’ont plus assez d’argent. Le manque de clients bloque nos activités », a confié Mamadou Adama Barry commerçant, et de renchérir : «  Aujourd’hui par exemple, je n’ai eu que 2 clients depuis que je suis là. Et ces personnes ont difficilement acheté mes articles. Ils se plaignent tous du manque d’argent ».

Même son de cloche chez un autre commerçant qui a voulu garder l’anonymat. Visage serein, il affirme : « Rien ne va ici. Le marché est au ralenti depuis plus de 2 ans. Dans ma boutique, je ne revends que des vêtements portés par des cadres. Présentement, même ceux qui venaient s’endetter se font rares. Souvent quand nous avons de nouveaux articles, nous les appelons mais personne ne vient à cause du manque d’argent, et cela joue sur nos activités. Parce que nous avons le loyer, les impôts et la dépense que nous devons payer. Nous n’arrivons pas à joindre les 2 bouts parce que toutes ces dépenses proviennent de mon revenu. Rien ne marche vraiment ».

Contrairement à ceux qui se plaignent du manque de clients, ce tailleur lui se frotte les mains. « Pendant la fête, moi je reçois beaucoup de clients. Parmi ces clients, il y en a qui paient bien et il y en a qui se plaignent de la conjoncture. A deux jours de la fête, je suis obligé de refuser de coudre certains habits parce que je travaille avec le courant. Je prends ce que je peux coudre au maximum. Mon atelier est plein chaque année, mes clients viennent en grand nombre, rien ne change. A la Tabaski comme pendant la fête de Ramadan, je reçois assez de monde », a dit N’Famara Makanéra. Dans plusieurs endroits du marché les clients se faisaient rares. L’enthousiasme des préparatifs des la fête de Tabaski n’était pas au rendez-vous. Même les salons de beauté, censés être bourrés à cette occasion, affichent des mines moroses.
Si les femmes privilégient les perruques aux tresses, elles ont par contre un faible pour les vêtements. Pour elles, chaque fête doit avoir sa sape et pour cela, elles sont prêtes à tout. « A l’approche des fêtes, les prix ne sont pas les mêmes que pendant les jours ordinaires. Nous augmentons les prix en fonction de la qualité des pagnes et du modèle choisi par la cliente. Nous savons que toutes les filles veulent se faire belles à cette occasion et pour ce faire, elles sont prêtes à payer le prix qu’il faut. A notre tour, nous faisons tout pour les satisfaire », a dit Fanta N’Diaye.

Marguerite Mara