Le Front national pour la défense de la Constitution avait appelé les Guinéens à reprendre les marches pacifiques, ce jeudi 5 mars à Cona-crime et à l’intérieur du bled. Dans la capitale Guinée-haine, cette marche devait partir de la tannerie pour se terminer à l’esplanade du Palais du peuple. Mais les autorités n’ont pas vu la manifestation d’un bon œil. Les trois mairies traversées par l’itinéraire l’ont donc interdites. A défaut de la marche, le FNDC a donc demandé à ses partisans de continuer la résistance active, citoyenne et permanente. L’atmosphère est calme dans la plupart des quartiers de la capitale, y compris sur la route Leprince, d’habitude très agitée les jours des manifestations. L’ambiance est par contre très électrique à Wanindara où des affrontements sont une nouvelle fois signalés.

Les hostilités ont d’ailleurs commencé dans la soirée d’hier mercredi lorsqu’une unité mixte ( police, gendarmerie et anti criminalité) a fait une descente musclée dans le quartier. Ils ont interpellé une vingtaine de personnes dans un lieu de consommation de chanvre indien communément appelé « Ka Zandaré ». Les jeunes, en réaction, ont bloqué la circulation et ont affronté les flics pendant plusieurs heures.
Ce jeudi, le carrefour-marché est noir d’agents de police. Près d’une quinzaine de pick-ups dans la zone. Les flics ont utilisé une nouvelle stratégie : bloquer les jeunes ” résistants ” à l’intérieur du quartier et les empêcher de s’approcher de la voie principale. Dans les deux plus chaudes ruelles de Wanindara 3, la flicaille tente d’étouffer tout mouvement. Deux véhicules bloquent la sortie de chacune de ces ruelles. Les affrontements se transportent alors à l’intérieur du quartier. Mais cette stratégie n’arrête pas les affrontements entre jeunes et flics. Des blessés dans les deux camps. Un jeune touché à la tête par un projectile succombera un peu plus tard à ses blessures, alors qu’on le transportait à l’hôpital. Il s’agit d’El Hadj Ibrahima Diallo, apprenti tolier, âgé d’une vingtaine d’années, originaire de la localité de Koba, préfecture de Dalaba. Deux autres jeunes blessés seraient dans un état grave. Un agent de la police a lui aussi reçu un caillou sur la bouche.

En début d’après-midi, sous la pression des jets des pierres, les flics ont libéré une des ruelles et sont revenus sur la voie principale. Au moment où nous écrivions ces lignes ( 13h 30 minutes), les affrontements se poursuivaient dans le quartier.

Yacine Diallo