Thomas Dietrich, un journaleux français du groupe “Le Média”, exerçant en Guinée depuis quelques semaines, a été arrêté par flics et bidasses, ce 6 mars à Nongo, puis conduit «manu-militari» à l’aéro-hangar de Cona-crimes pour être expulsé. Selon son avocat, Me Sali-flou-flou Béavogui, le journaleux rendait visite à un ami, lorsqu’il a été cueilli par les forces de sécu-raté pour être déposé à l’aéro-hangar de Cona-crimes où il attend son avion à 23 heures pour la France. Interrogé par des confrères, le taxi-motard qui l’a déposé là, raconte : « Il m’a demandé de l’amener à Nongo. À notre arrivée, on est monté à l’étage pour voir quelqu’un. Lorsque l’on est descendu, on a trouvé des policiers dans la cour, arrêtés à côté de ma moto. Ils lui ont demandé ses papiers, ils ont discuté un peu, puis ils m’ont demandé de partir. Ensuite, ils l’ont arrêté et sont repartis à bord d’une fourgonnetten». C’est son avocat qui a déposé son passeport à l’aéro-hangar.

« Il devait faire sa valise pour rentrer en France aujourd’hui, mais il a été arrêté par la gendarmerie et la police pour être expulsé. Or, la décision d’expulsion ne peut être prise que par le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation ainsi que par un tribunal. Quand c’est une décision d’expulsion, dans les conditions normales, elle doit être signifiée à l’auteur, pour qu’il puisse avoir le temps de contester les motifs. Mais lui, aucun motif ne lui a été signifié. On est venu simplement le prendre comme un ver de terre, et c’est à l’aéroport qu’il est entré en possession de son passeport. On ne lui reproche rien. Rien ne nous a été notifié », déplore Me Sali-flou-flou Béavogui.

Lors de la dernière manif du 5 février, il a été brièvement interpellé à Hamdallaye par les forces de sécu-raté, qu’il filmait en train de commettre des exactions. « En Guinée, le Président Alpha Condé a interdit une marche pacifique réclamant son départ. J’ai filmé un manifestant passé à tabac et les forces de l’ordre n’ont pas beaucoup apprécié. Menaces de mort. Coups à l’épaule pour m’arracher mon téléphone. Armes braquées sur moi », a tweeté le journaleux. Selon nos informations, les agents l’ont obligé à supprimer la vidéo qu’il a récupérée plus tard dans la corbeille de son appareil et qui a été l’objet de diffusion sur les réseaux sociaux. Le 19 février, le journaleux a publié un article intitulé “En Guinée, ce n’est pas une révolte, mais une révolution ‘’, très critique vis-à-vis du pouvoir.

Yaya Doumbouya