Le 8 mars de chaque année est célébrée la Journée internationale des droits de femmes à travers le monde. Cette année, le thème est : «Je suis de la génération égalité : levons-nous pour les droits des femmes.» En Guinée, elles étaient nombreuses à célébrer l’événement, chacune à sa façon. Au Palais du peuple de Conakry, des femmes se sont réunies autour du Président de la République Alpha Condé et de son épouse Djéné Kaba Condé pour passer la Journée, chargée de discours, de chants et danse. Elles ont vanté des projets d’autonomisation des femmes et ont fait l’éloge du parcours des combattantes nationales. À Labé, ville située à plus de 400 kilomètres de la capitale Conakry, les femmes ne sont pas contentées de discours. Elles ont battu le pavé pour protester contre les multiples violations des droits humains en Guinée lors des manifestations politiques et sociales. «Non aux violences contre les femmes !» ; «Nous voulons la paix » ; «Amoulanfé ! », scandaient-elles.

C’est leur façon à elles de célébrer le 8 mars. Selon un confrère, la cérémonie officielle de la Journée n’aurait pas connu d’engouement dans la ville de Karamoko Alpha mo Labé, à cause de cette manifestation des femmes du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC). «En lieu et place de la fête, elles ont plutôt organisé une marche pour exprimer leur ras-le-bol face aux tueries, aux arrestations arbitraires, aux kidnappings et autres exactions enregistrées depuis quelques semaines en Guinée. Exactions dont sont victimes les opposants à un troisième mandat pour le président Alpha Condé», ajoute-t-il.
Habillées en rouge (couleur du FNDC), les manifestantes sont parties du rond-point de Hoggo Mbouro à la place des martyrs. Scandant des slogans hostiles au gouvernement et au gouverneur de la région El hadj Madifing Diané, critiqué pour sa gestion des manifestations politiques et sociales pendant lesquelles cinq personnes avaient été tuées, au moins.

«Nous sommes sorties aujourd’hui pour montrer à Alpha Condé et à Madifing Diané que nous sommes fatiguées. Nos enfants sont tués sans aucune justice. Nous femmes, sommes utilisées comme boucliers humains, certaines tuées avec leur grossesse. Nous demandons qu’ils libèrent nos enfants sans conditions», a fustigé Yacine Diallo, membre de la coordination régionale du FNDC. Elles exigent également que l’éducation de «nos enfants soit assurée. Il y a de cela un mois depuis que nos enfants ont cessé d’étudier correctement et pourtant ce sont eux l’avenir de notre pays. Aujourd’hui, notre souci ce n’est pas de chanter et de danser, mais de montrer à Alpha Condé ce qui nous fait mal.»

Yaya Doumbouya