A chacun, sa tronche, son odeur, ses empreintes digitales et sa peau ! A chacun, ses cuirs ! Quand on dit  transition, on songe à qui ? A Dadis Camara. Et quand on dit prosateur ?  On songe naturellement à Alpha- Machin-Truc, l’inénarrable quidam que la malchance ou plutôt la malédiction de l’Histoire a juché au sommet de notre Etat. Cet homme qui n’a pas peur du ridicule a organisé en pleine pandémie Coronavirus une double élection qui restera une pantalonnade aux yeux du monde et un affront indélébile pour notre pauvre peuple. Un mode de scrutin et des résultats que seule la Corée du Nord pourrait nous rivaliser ! Plus de 91% de participation, dit-on alors que tout le monde sait que 10% à peine des Guinéens se sont déplacés le jour de cette piteuse et anachronique mascarade électorale.

Quant aux résultats, mon dieu,  personne n’oserait les commenter, de peur de salir la bouche ! Pensez que dans notre très, très, très démocratique république,  l’opposition parlementaire dans son ensemble représente à peine 33 députés  dont le plus grand parti n’en pèse que 4 ; deux partis, 3 et trois partis, deux et quinze partis, un chacun.  C’est ce qu’on appelle une élection subtilement calculée ! C’est démocratiquement exemplaire, un pays où le chef de file de l’opposition revendique  le chiffre astronomique de 4 sièges, c’est surtout confortable pour le tyranneau de village qui nous empoisonne la vie !

Mais  bon passons, ce n’est pas là que se trouve le plus fort du ridicule ! Non content de nous imposer une constitution bidon, je veux dire une constitution anticonstitutionnelle, en tuant au passage, comme à son habitude, des  centaines de nos compatriotes, voilà que notre éminent professeur tripatouille le chiffon de papier hâtivement sorti de ses urnes diaboliques. Voilà que notre juriste publie au Journal Officiel une constitution différente de celle qu’il prétend avoir proposée au jugement du peuple. Peut-il après ça, discuter avec ses collègues et regarder ses étudiants, droit dans les yeux (si jamais il a réellement enseigné) ?

Comment voulez-vous respecter un homme qui ne se respecte pas lui-même ? Qui va respecter un peuple incapable de se doter de dirigeants respectables ? Qui va prendre au sérieux un gouvernement qui prend son propre Journal Officiel pour un chiffon de papier ?
Pauvres Guinéens ! Alpha Condé ne nous a pas seulement donné la misère et la haine. Il nous a aussi donné quelque chose que nos ancêtres ne supportaient pas : la honte ! A part des despotes comme  le Tchadien Déby et l’Egyptien Sissi, qui va négocier avec un Etat aussi merdique ?
Réveillons-nous, Guinéens ! Il est temps, grand temps de changer de cap !  Ne léguons pas à nos enfants cette vie de damnés que nos fripouilles de dirigeants successifs nous ont imposée contre le bon sens et la raison, contre la générosité de la nature. Je n’exagère pas, mes chers compatriotes : quand le Professeur est un professeur, le présent est mal écrit. Et l’avenir, complètement chiffonné !

 

Tierno Monénembo