Nommé ministre d’Etat, ministre de la Justice, garde des Sceaux, l’avocat Mory Doumbouya a été installé dans ses nouvelles fonctions jeudi 25 juin. Alors que Mamadou Lamine Fofana se retrouve ministre conseiller à la Présidence chargé des relations avec les institutions, poste qu’il cumulait avec celui de garde des Sceaux depuis la démission de Cheick Sako.

Son patron d’aujourd’hui, c’était son client d’hier. Mory Doumbouya avait défendu Alpha Condé avec la double passion de l’avocat et du militant politique, lors du procès dit de l’attaque de 19 juillet 2011 contre le domicile privé du président Alpha Condé, six mois durant (février-juillet 2012). Puis en qualité d’agent judiciaire de l’Etat où il avait été nommé juste après le procès, comme une récompense. Poste qu’il a conservé jusqu’à sa nomination comme garde des Sceaux lors du léger remaniement du gouvernement du 19 juin.

Âgé de 50 ans et originaire de Siguiri, Mory Doumbouya est diplômé en droit privé de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry en 1995. Il y a donné des cours à partir de l’année suivante jusqu’en 2003.

Le ministre sortant a dressé son bilan dominé par des sessions de formation et des sanctions disciplinaires prises contre des magistrats. L’affaire du procès pour le massacre du 28 septembre 2009 n’a cependant pas connu d’avancées. La faute à la la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19, selon Mamadou Lamine Fofana.

Dans un discours-fleuve d’un peu plus de deux minutes, le ministre entrant a renchérit : « Je rends grâce au commandant suprême des armées, au président de la République, son excellence le professeur Alpha Condé, pour avoir été fortement inspiré par le Tout-puissant en m’investissant le 19 juin 2020 dans les fonctions de ministre de la Justice, Garde des Sceaux. Je voudrais réussir cette mission exaltante, redoutable, après avoir consacré quatre années à la gestion du contentieux de l’Etat ». Et d’annoncer les couleurs : « Je ne viens pour ou contre personne. Aux justiciables et aux investisseurs à tous les niveaux, je vous donne la ferme assurance de veiller à une stricte et rigoureuse application de la loi par les cours et les tribunaux. (…) Comme un soldat qui s’apprête à déployer son arsenal de frappe au front, je préfère être jugé aux actes ». Un ministre en mission commandée dans ce contexte d’élection présidentielle à enjeu et de tensions sociopolitiques ? Les Guinéens ne tarderont pas à le savoir.

Diawo Labboyah