Dans l’édition du dimanche 28 juin des «  Débats africains, » consacrée à la nouvelle constitution guinéenne, Alain Faux-cas a invité une bonne brochette d’intellectuels très avisés qui suivent de très près l’actualité guinéenne. Au nombre desquels, Cheick Sacko, ancien ministre guinéen de la Justice et avocat au Barreau de Montpellier, en France. En attendant de pouvoir réunir l’ensemble des éléments de l’émission, www.lelynx.net vous propose le cri de cœur de Me Cheick Sako :

…D’une part, il y a dichotomie ou ambivalence entre ces deux textes. Alors je rappelle que d’une part le projet soumis à référendum le 22 mars, ce texte sur lequel, évidemment il y a plusieurs moutures, mais celui qui a été publié au journal officiel qui comporte 157 articles et qui a été cacheté ou paraphé par le ministre de la justice d’alors, c’est celui-là qui a été soumis à référendum. Alors il n’y a pas d’ambiguïté là-dessus. D’autre part, le second texte de constitution, différent du premier, promulgué et publié après le référendum, le 14 avril, et c’est là où il y a un hiatus.

Alors qu’est-ce qu’il y a comme problème? Le problème, c’est que le second texte ne correspond pas au premier. Il y a une vingtaine de dispositions qui ont été soient modifiées, soient falsifiées. Deux ou trois exemples simplement: les dispositions concernant les candidatures individuelles pour l’élection présidentielle ont disparu, deuxième exemple, introduction des parrainages pour lesdites élections présidentielles et, surtout troisième exemple qui m’interpelle, en tant que juriste et en tant qu’ancien ministre de la justice, ça concerne la justice. Par exemple, l’article 13 du projet approuvé par référendum, énonce de façon claire le principe de l’indépendance et de l’impartialité des tribunaux. Et curieusement, dans l’article 13 du texte promulgué, cela est supprimé, c’est-à-dire que l’indépendance et l’impartialité des tribunaux est supprimée, pour consacrer uniquement la compétence des tribunaux. Voyez-vous, il n’y a pas besoin de secourir, c’est quand-même assez grave. Moi je ne fais pas de surenchère, je dis simplement qu’on est dans une république. Il faudrait absolument trouver le ou les auteurs de cette falsification pour qu’ils puissent répondre…J’ai été profondément choqué par ces modifications.»