Le 2 mars, à son département, Kalifa Gassama Diaby, ministre de la citoyenneté et de l’unité nationale a conféré avec les représentants des partis politiques, la société civile, les coordinations régionales, la HAC (Haute autorité de la communication) et les ONG. Objectif, mettre en place une structure de veille et de prévention des propos tendant à inciter à la violence et à la haine. Selon le ministre l’idée de créer cette structure est partie d’un constat relatif à la dégradation du climat social en Guinée depuis un certain temps. «Notre mission est de préserver la paix, de consolider l’unité nationale et la culture citoyenne. Nous avons annoncé notre volonté de mettre en place un mécanisme de veille, de prévention et de signalement des propos incitants à la violence ou à la haine sociale, interethnique». Gassama estime que la Guinée a maintenant besoin de sortir de ce cycle infernal. Et pour aboutir, il mise sur une implication de tous les acteurs concernés. D’où la création de deux commissions : l’une technique et l’autre éthique.
La première consiste à veiller et de collecter les propos qui incitent à opposer les uns aux autres ou à la violence. «Cette commission technique se fera en appui avec la HAC qui a un certain nombre de dispositifs techniques nous permettant de surveiller aussi bien au niveau des medias audiovisuels, la presse écrite, la presse en ligne pourquoi pas les réseaux sociaux». Si les faits sont avérés, cette dernière transmettra les preuves à la deuxième commission.
La deuxième composée de représentants des partis politiques, de la société civile, du Haut commissariat des droits de l’homme, des corps diplomatiques en Guinée et des représentants des coordinations. Cette dernière analyse les propos, écrit une lettre à la personne concernée. Une fois en face, cette personne se prêtera à un exercice plus ou moins public. «Cette personne est appelé à venir discuter avec la commission des ces propos tendant à mettre en péril la cohésion nationale ». Cet exercice auquel la personne est soumise pourrait l’amener présenter des excuses publiques et à des engagements civiques. Kalifa Gassama Diaby rappelle que la responsabilité pénale est individuelle et non collective.
Cette démarche « ne vise nullement d’empêcher que des gens dénoncent ou se battent contre les violences l’inégalité l’injustice. Par contre, elle consiste à civiliser le langage dans les débats » se défend le ministre.
Les représentants des partis politiques, de la société civile, des coordinations régionales, des ONG et de la HAC présents ont tous salué l’initiative avant de s’engager à s’impliquer à son aboutissement. Par la même occasion, ils ont attiré l’attention du ministre sur l’impunité ou une justice orientée. En réponse, le ministre dit avoir pris acte et a promis d’aller jusqu’au bout.