Les présumés assassins de l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, Thierno Aliou Diaouné ont de nouveau comparu ce 29 avril au tribunal de première instance de Dixinn. Abdoulaye Djibril Diallo alias Foula Boy, Arono Godwin Ozoekwe dit John, Noël Camara dit Noa et Samuel Dyngée alias Sam ou Sami sont accusés d’assassinat et de complicité.
A l’audience de ce lundi, c’est Aronu Godwin Ozoekwe dit John et Samuel Dyngée qui ont fait leur déposition. Aronu Godwin Ozoekwe, Nigérian de nationalité, ‘’vendeur’’ de chaussures et de boissons alcoolisées, domicilié au quartier Ratoma a nié toute implication dans cet assassinat. Il affirme avoir payé pour sa connaissance avec Noël Camara : « J’importais de la bière à partir de la Sierra-Leone et Noël rachetait avec moi pour revendre. Mais à chaque fois que je rentrais d’un voyage je tombais malade. Un jour, une dame m’a dit qu’elle a un frère qui peut s’occuper de mes voyages. Elle m’a donné le numéro de Noël. Je lui ai remis 2 500 000 francs guinéens pour la première fois, il est revenu avec la marchandise. La deuxième fois, la même chose. Mais la troisième fois, il n’est jamais revenu. Je l’ai cherché partout, j’ai fait des aller-retour entre chez lui et chez moi pendant 6 mois. Un jour, il m’appelle, il dit qu’il a mon argent, me demande de le trouver dans un cyber à Ratoma. C’est là-bas que les policiers m’ont arrêté ». Comme tous ses co-accusés, Aronu Godwin affirme avoir subi des tortures : « A la police on m’a dit que Noël m’a confié une arme. Quand j’ai nié ils commencé à me torturer. J’ai été obligé de signer le PV pour ne pas mourir. Je ne connais rien de cette affaire. Je n’ai même pas vu monsieur Diaouné. Le lendemain, ils m’ont demandé de payer 5 millions pour obtenir ma libération, mais je n’avais rien ils m’ont transféré à la maison centrale ».
Lors de sa comparution, Noël Camara avait laissé entendre qu’il ne s’est connu avec John qu’à la maison centrale. Ce dernier dit le contraire : « Il me connaît très bien, j’ai son numéro il a le mien ». Sur sa relation avec Djibril Diallo, cerveau présumé de l’assassinat, John dit ne rien savoir sur cette personne.
Samuel Dyngée a également rejeté les accusations portées contre sa personne. Lui aussi accuse Noël et sa femme de l’avoir trainé dans la boue : « Le 5 mai 2015 à 5h du matin, la femme de Noël a frappé à ma porte. Dès que j’ai ouvert les policiers ont pointé l’arme sur moi. Ils m’ont amené à Kaporo-rails, mais moi je pensais que c’était un problème entre Noël et sa femme. A la police, elle-même a dit que je n’ai pas de problème, qu’elle veut simplement que je confirme qu’elle est souvent battue par son mari. Et qu’elle pensait que Noël envoyait ses copines dans mon atelier. Je lui ai dit que cela ne justifie pas mon arrestation. Quelques jours après, on est venu me demander si j’ai une fois volé avec Noël j’ai dit non ». Une version qui a provoqué l’ire du procureur : « Ce qui est paradoxal, c’est que vous parlez tous de la femme de Noël. Comment elle a connu ton domicile ? » « J’étais malade, elle est allée me rendre visite avec son mari ». « Comment John et son petit frère ont connu votre atelier ? » « Ils étaient allés chercher Noël »
A cette audience, la question de la présence d’Abdoulaye Djibril Diallo sur les lieux de l’assassinat de Thierno Aliou Diaouné s’est posée. Foula Boy clame qu’il était en détention à la maison centrale de Conakry au moment des faits. Une version rejetée par l’avocat de la partie civile : « Djibril a été à la maison centrale, il s’est retrouvé dehors. C’est pendant ce temps que le ministre Diaouné a été assassiné. On a surtout retrouvé le téléphone de la victime dans ses mains. Ce monsieur n’est pas clair » s’exclame maitre Mohamed Sylla. La défense de rétorquer : « Nous ne sommes pas pressés. Nous demandons juste la marche normale de la procédure. Vérifiez monsieur le juge s’il était en détention au moment des faits. Vous devez le faire parce que nous parlons d’une affaire criminelle et non d’un fait banal qui se passe dans le quartier. Il faut commettre à cette tâche un huissier indépendant ». Foula Boy purge déjà une peine de prison à perpétuité pour l’assassinat du commissaire Pascal Bangoura. Il est aussi condamné par contumace à perpétuité dans l’affaire assassinat de dame Aïssatou Boiro.
L’audience a été finalement renvoyé au 13 mai pour la comparution de la femme de Noël, Mariam chérif Aidara et pour vérifier si Foula Boy était en prison au moment de l’assassinat de l’ancien ministre.
Yacine Diallo