Les membres du Comité de suivi se sont à nouveau retrouvés ce 19 avril dans les locaux du mystère de l’Administration du trottoir et de la Décentralisation. Objectif, faire le poing des recommandations sur l’audit du fichier électoral. Sous la houlette du Bouréma Con(.)dé, représentants de la mouvance pestilentielle, de l’opposition aspire-lacrymogène, de l’UFR, de la Société civile et du corps diplomagique et consulaire ont bavardé sur la situation actuelle du fichier électoral. La Commission nationale électorale dépendante eh…indépendante et son prési Me Saliflou-flou Kébé ne se sont pas fait Condé l’événement.
La Guinée est à la croisée des chemins. Les légis-tardives et la présidentielle se profilent à l’horizon. Plus on s’approche de ces échéances, plus la question du fichier électoral revient avec insistance chez les acteurs politiques. L’opposition soupçonne déjà le pouvoir Grimpeur d’avoir en sa possession un fichier électoral qui lui permet de sortir vainqueur de chaque scrutin. Elle dénonce plus d’un million d’électeurs fictifs notamment dans les zones favorables au RPG, le parti présidentiel. Pour en avoir le cœurs net, les acteurs politiques et sociaux avaient exigé un audit du fichier. Et ce 19 avril, durant trois heures, chaque acteur concerné s’est prononcé sans détour sur les résultats de l’audit du machin. A l’unanimité, ils ont décidé que les électeurs passent à nouveau, colonne par un, devant la machine : « Nous sommes venus présenter l’ensemble des recommandations issues de l’audit du fichier électoral. Et nous sommes d’accord qu’il faut mettre en application ces recommandations pour l’amélioration de notre base de données. Il y a 77 recommandations, elles ne sont pas toutes applicables dès maintenant. Nous voulons aller techniquement, voir celles qui sont applicables dès maintenant, pour aller aux élections le plus rapidement possible. Nous sommes en train de préparer les élections législatives. Nous voulons savoir quel est l’avis des acteurs politiques sur les résultats de cet audit » a déclaré Me Saliflou Kébé, prési de la CENILE.
A l’Union des forces républicaines, on opte carrément pour un nouvel opérateur. Boubacar Barry, vice-prési du parti explique : « Nous souhaitons que ces recommandations soient mises en œuvre rapidement dans le cadre du recrutement d’un nouvel opérateur, chargé de la révision du fichier électoral. Les résultats de cet audit sont satisfaisants et nous pensons que cela permettra de continuer le travail ». Et Cellou Ta-Baldé de l’UFDG d’ajouter : « Les experts ont fait des recommandations hiérarchisées. Il y a des recommandations à très court terme, à moyen terme et à long terme. Nous voulons que ces recommandations soient prises en compte dans le cadre de l’amélioration du fichier. La première recommandation dit qu’au vu du nombre important des doublons, les électeurs dans leur totalité, doivent passer devant la machine pour être confirmés », pour les anciens ou enregistrés pour ceux qui n’étaient dans le fichier mais qui ont l’âge de voter.
A la mouvance pestilentielle, on est également favorable à une révision du fichier. Mais pour Amadou Damaro Cas-marrant, l’opposition qui crie sur tous les toits que le fichier est corrompu, a sa part de responsabilité dans cette situation : « Il a été relayé dans les médias qu’il y aurait plus de 1 500 000 personnes fictives. On les a même qualifiées de réserve électorale pour le pouvoir. Mais il a été démontré que cela a commencé depuis 2002, parce qu’on n’arrive pas à transférer toutes nos données d’un opérateur à un autre. Et nous changeons souvent d’opérateurs, parce que l’opposition a toujours demandé qu’on change d’opérateur ». Un clin d’œil au Sid de l’UFR, qui affirmait récemment qu’il ne sert à rien d’aller aux prochaines sélections avec un fichier de plus d’un million d’électeurs fictifs.
Sur la recommandation qui veut que tous les électeurs passent devant les agents recenseurs pour ne pas être radiés du fichier, Amadou Damaro ronronne ses réserves : « Cela est contraire à la loi. On est dans un pays où 50 % des personnes ne savent pas avec exactitude quand elles sont nées. Il faut tenir compte, dans toute activité, du contexte, de l’esprit et de la réalité. Ce qui est important et je le souligne avec force, ce que s’il y a des anomalies, elles ne relèvent d’aucune manipulation politique du pouvoir en place. C’est le résultat des ratés techniques. Alors, il faut qu’on arrête les interprétations politiques des données techniques ». Bouréma Con(.)dé, comme à l’accoutumée, a vanté un « fichier globalement satisfaisant ». Mais pas au point de se passer de révision.
Yacine Diallo