Abdoulaye Kourouma le président du Rassemblement pour la Renaissance et le Développement s’est insurgé contre la demande de l’AMG (Association des magistrats de Guinée) de lever l’immunité parlementaire d’Amadou Damaro Camara, le chef de la majorité présidentielle au Parlement. Le leader du RRD estime que dans l’ordre normal des choses, les magistrats guinéens ne peuvent pas juger Amadou Damaro, à cause de leur statut de juges mais également de plaignants. S’il devrait y avoir jugement, pour ce qu’ils qualifient « d’atteinte à leur honneur », mieux vaut s’adresser à une juridiction internationale. « L’association des magistrats est un ensemble d’éléments. Je me pose la question qui parmi eux choisir en tant que plaignant, pour juger Damaro ? Cela n’est pas possible. Je pense que s’ils veulent juger Damaro c’est à eux de porter plainte contre lui devant une juridiction internationale, puisqu’on ne peut pas être juge et partie à la fois ».

La condamnation de Paul Moussa Diawara, ex-directeur général de l’OGP (Office guinéen de publicité) et de son comptable Inza Bayo par le TPI de Kaloum s’est invité dans les débats. Abdoulaye Kourouma redoute une manipulation et un acharnement contre ces cadres condamnés à 5 ans de prison ferme et au paiement d’une amande de 50 millions de francs guinéens. « Nous sommes d’accord que l’Etat continue à lutter contre la corruption. Nous sommes d’accord que le gouvernement aide à récupérer  les biens détournés ou volés. Mais, que cela soit géré avec impartialité. Si vous prenez la situation de l’OGP, nous observons deux poids deux mesures », reprouve le leader.  

Selon lui, un cas de ce genre a été établi contre l’ex-directeur de l’Office guinéen de chargeurs, Sékou Camara, par le même tribunal. Malheureusement, les peines n’ont pas été les mêmes a t-il regretté. « Un cas similaire s’est passé à l’OGC. Le monsieur (Sékou Camara) n’a été condamné que par sursis ». Hormis ces cas élucidés par la justice, Abdoulaye Kourouma évoque d’autres cas sur lesquels la justice est restée silencieuse. «Il y a eu le cas d’Abdoulaye Keita, ancien directeur d’EDG. Il se promène avec des garde du corps aujourd’hui. Il y a un autre cas au ministère des Affaires étrangères. Si ce n’est pas un acharnement ou un règlement de compte, comment se fait-il que MM. Diawara et Bayo soient condamnés à 5 ans de prison ferme tandis qu’il y a eu des détournements de sommes plus colossales que cela ». Plus loin le politicien ajoute : « Si vous prenez la société ASPERBRAS qui devrait fournir d’électricité à l’Etat guinéen, le montant de 122 millions de dollars a été payé, mais elle a été incapable et est partie avec l’argent de notre pays. La société EBOMAF devrait faire la route Kissidougou-Kankan. Elle a reçu 65 millions d’Euros, même 1km, la société n’a pas exécuté. Le tronçon Sonfonia-Kagbelen… Il n’y a pas eu de justice, l’Etat n’a pas bougé, il n’y a pas eu de lutte contre la corruption».

Lébéré Baldé