Les journaleux ont organisé une marche de la colère ce mardi 2 avril à Cona-cris. Ils dénoncent l’incarcération injustifiée de notre con(.)frère Lansana Cas-marrant. Le directeur de publication du Site Conakrylive.com, libéré aujourd’hui, séjournait à l’hôtel cinq étoiles de Coronthie depuis le 26 mars. Il est accusé par le sinistre des Affaires étrangères, Mamady Touré de diffamation. Tôt le matin, les hommes de médias ont investi le rond-point du Port autonome de Cona-cris, point de départ de la marche, selon l’itinéraire donné par la mairie de Kaloum. Des plateformes de la société civile (PJDD, Balai Citoyen…), la NGC, nouvelle génération pour le changement et d’autres fanatiques de l’opposition ne se sont pas faits conter l’événement. A 10h 30 minutes, des dizaines de manifestants, foulards rouges attachés sur les bras ont pris la direction du mystère de la justice via celui des Affaires étrangères. Prospectus et banderoles sur lesquelles on peut voir : ‘’Honte aux magistrats zélés et corrompus’’ ; ‘’ Libérez Lansana’’ ; ‘’Plus jamais de journalistes en prison’’ ; ‘’ Ministres prédateurs, démissionnez !’’.
Devant le ministère des AE, les manifestants ont scandé : ‘’ Mamady Touré, voleur’’ ; ‘’ Mamady Touré en prison’’. Pour Amadou Camara le tam-tam de l’AGUIPEL, la liberté de la presse est en danger : « C’est une marche de la colère parce qu’il y ‘a de plus en plus une épée de Damoclès sur la tête des journalistes. Aujourd’hui, Lansana est injustement incarcéré malgré les multiples demandes de remise en liberté. Cela nous inquiète dans la mesure où il y a d’autres affaires qui concernent d’autres journalistes. Toutes ces affaires sont parties des investigations, et à chaque fois soit il y a emprisonnement soit il y a condamnation. Cela veut dire qu’on ne veut pas du journalisme d’investigation dans ce pays. Cela veut dire également qu’on encourage la mal gouvernance ».
Le prési de l’AGUIPEL, (association guinéenne de la presse en ligne) est allé plus loin. Il fustige la détention prolongée de Lansana Camara : « Nous sommes inquiets de ces agissements à l’approche des joutes électorales. Nous nous demandons même si on veut de la démocratie dans ce pays parce que la loi sur la liberté de la presse est très claire. En matière de diffamation, il n’y a pas de détention préventive. Cette décision de maintenir Lansana en prison est illégale, il faut qu’il soit libéré. Nous avons interjeté appel, nous espérons qu’il recouvrera sa liberté le plus rapidement possible ».
Au SPPG, Syndicat de la presse privée de Guinée, on s’en prend à la justice et au magistrat qui a décidé de placer notre con(.)frère sous mandat de dépôt : « Aujourd’hui c’est Lansana, mais si nous ne réagissons pas, nous sommes sûrs que demain c’est ce sera une autre personne. Il y’a une loi qui protège les journalistes contre les peines de prison quand il s’agit de la diffamation par voie de presse. Mais ils laissent tout, avec l’implication des juges pour mettre notre confrère en prison ». Sidy Diallo annonce d’autres actions dans les prochains jours : « Au-delà de cette marche, nous comptons organiser une journée sans presse et une synergie pour parler de cette loi parce qu’on se demande si ces ministres, ces hauts commis de l’Etat la connaissent. Peut-être que le chef de l’Etat va encore se demander comment nous avons reculer dans le classement de RSF ».
De son côté, Sanou Kerfala Cissé, président de l’URTELGUI, a pointé du doigt des cadres (en bois) tapis dans les départements : « A un moment donné il faut dire stop. Et c’est ce qu’on a entrepris aujourd’hui. Dans les jours à venir, d’autres actions seront envisagées. Nous n’excluons même pas de faire de déclarations communes adressées non seulement au ministre de la Sécurité, à la DPJ parce que ces agents commencent à s’illustrer dans ces affaires. Nous ne sommes plus au moyen âge, il faut que ça cesse. Nulle part Lansana a diffamé quelqu’un, il a juste fait une alerte. C’est fait à dessein ! Des cadres tapis dans les bureaux climatisés se livrent à ces comportements. Mais tant que nous avons un souffle de vie sur cette terre nous ne donnerons l’occasion à aucune personne de marcher sur notre petite parcelle de responsabilité qui est la loi sur la liberté de la presse ». La marche s’est terminée par une déclaration commune des associations de presse devant les locaux du mystère de la Justice. Juste après cette manifestation Lansana Cas-marrant a été relaxé.
Yacine Diallo