Les magistrats guinéens pestent toujours contre les propos « déplacés » de Damaro Cas-marrant à l’encontre de la justice. Ils se sont retrouvés ce vendredi 12 avril à la cour d’appel de Cona-cris pour décider de la suite à donner à la sortie médiatique du chef de la majorité pestilentielle à l’Assemblée nationale. La question de leur sécurité, leur traitement salarial, le budget des juridictions, la mutuelle de santé et les questions de logistique et de transport…les magistrats en avaient gros dans les cœurs.

Invité d’une radio de la place la semaine dernière, l’honorable Damaro aurait qualifié la justice guinéenne de pourrie. Le prési du groupe parle-menteur RPG arc-en-ciel n’a pas nié ses démarches pour faire libérer le Sotikémo de Kérouané, soupçonné d’être impliqué dans la destruction des équipements d’une société de construction dans la préfecture. Pour Mohamed Ali Thiam, prési de l’association des magistrats de Guinée, cette sortie de Damaro met les magistrats en insécurité : « Cette question est essentielle pour nous puisque les propos qui ont été tenus sont de nature à jeter l’anathème, le discrédit, le manque de considération sur les magistrats. Et à pousser les citoyens à la révolte contre eux. Donc notre sécurité nous concerne et nous préoccupe sérieusement ».

Les hommes en robes qui avaient déjà plusieurs griefs promettent d’adresser une résolution au ministre de la Justice et au président du Conseil supérieur de la magistrature suprême (le président Alpha Grimpeur). Histoire d’alerter sur la situation qu’ils vivent dans les cours et tribunaux : « Nous ne nous comparons à aucune institution judiciaire d’un autre pays. Nous demandons que ce qui a été décidé par notre pays nous soit applicable. Nous sommes conscients que dans notre corps nous devons améliorer les conditions d’éthique et de déontologie, et des magistrats et des juridictions. Dans ces conditions, les Conseil supérieur a donné des mesures de ce qu’il faut pour que d’un point de vue des sanctions les manquements cessent. Mais de l’autre côté, nous constatons que nos droits sont violés. Nous sommes les seuls dont les salaires sont statiques depuis 2014, alors que la loi a prévu l’avancement annuel par échelon. Nous ne recevons pas cela et d’autres avantages. Mais dans cette résolution que nous avons adressée au président de la république, nous avons signalé tout cela pour améliorer nos conditions de travail ».

Sur le cas de Damaro, les magistrats ont décidé de mettre en place une commission pour préparer la saisine de l’Assemblée nationale quant à la levée de son immunité parlementaire afin qu’il soit trimballé devant les tribunaux. Dans le cas contraire, ils déclencheront une grève générale « jusqu’à la satisfaction de leurs requêtes ».

Yacine Diallo