Le procès des présumés ravisseurs d’Alpha Souleymane Baldé s’est poursuivi ce lundi 20 mai au tribunal de première instance de Dixinn. Mohamed Sidy Diallo, Abdoul Majid Diallo, tous deux en fuite et Lamine Kanté, adjudant Sâa David Kamano, Sékou Oumar Keïta sont jugés pour association de malfaiteurs, complicité, prise d’otage, séquestration, vol à main armée et détention illégale d’armes de guerre. A la précédente audience, deux des trois accusés avaient nié catégoriquement les faits, déclarant avoir agi dans le but d’aider leur ami Mahomed Sidy Diallo ( cerveau présumé de l’attaque, ndlr) à régler un conflit domanial avec un de ses parents.
Mais ce lundi, le témoignage de la victime a contredit les versions des prévenus. Alpha Souleymane est formel, il a passé ses 6 jours de détention avec les trois accusés : « C’était dans la soirée du 10 août 2016, vers 19h 20 minutes. Alors que je priais, une femme a été brusquement projetée vers moi. Dès que je me suis retourné j’ai vu cinq hommes surgir. Trois étaient armés de deux pistolets et d’un PMAK. Ils m’ont demandé de sortir l’argent, j’ai dit que je n’ai rien. Ils ont fouillé la maison, pris deux millions et des objets de valeurs. Ils m’ont mis dans mon véhicule, m’ont conduit sur la route qui mène vers Kofi Annan. A Morikantéyah, j’ai été Cagoulé et mis dans une Nissan Almera pour une destination inconnue »
La victime a expliqué que les kidnappeurs lui ont fait subir des tortures pendant plusieurs jours. Histoire de l’amener à coopérer dans les négociations pour le paiement de la rançon : « Apres un long trajet, nous sommes rentrés dans une cour, c’est là que les tortures ont commencées. Ils m’ont ligoté, collé tout mon corps avec du scotch. Je ne pouvais pas faire la différence entre le jour et la nuit. J’ai fait deux jours sans boire ni manger. Ils menaçaient souvent de couper mes doigts. Un certain Kéba a appelé Sékou Oumar Keïta, lui a dit de couper tous mes doigts, de les mettre dans une enveloppe et de les lui envoyer. Il lui a fait croire qu’il les a coupés et les a jetés dans les toilettes. Je n’avais jamais vécu un tel calvaire dans ma vie. La souffrance était telle que je ne souhaitais que mourir ».
Pour recouvrer sa liberté, Alpha Souleymane Baldé et sa famille se sont acquittés d’une forte somme d’argent. Par quel moyen, rien n’a filtré : « Quand les négociations ont commencé avec ma famille, ils ont arrêté les tortures. On était devenu des amis, je leur conseillais de ne pas tuer les gens. Lamine Kanté m’a même demandé de lui donner ma fille aînée en mariage. Ils m’ont réclamé 300 mille dollars. Mais ils savent tellement torturer que tu peux promettre ce que tu n’obtiendras jamais. Ma famille a payé 105 mille dollars et 5 millions de francs guinéens ». Les ravisseurs auraient également exigé d’Alpha Souleymane Baldé un nouveau paiement de 50 000 dollars : « Ils m’ont déplacé deux fois. Avant ma libération, Lamine Kanté m’a fait toucher 2 grenades, plusieurs munitions et un PMAK, il m’a dit qu’ils ont la possibilité de me retrouver et de me tuer sans problème si je ne versais pas le reste de l’argent ».
Dans la phase des confrontations, les accusés ont rejeté toutes les révélations du plaignant. Ils se sont tous contentés de dire : « C’est ma première fois de voir ce monsieur ». L’affaire est renvoyée au 3 juin pour les plaidoiries et réquisitions.
Cette affaire remonte à août 2016. Alpha Souleymane Baldé et sa copine, tranquillement assis dans son chantier à Kaporo ont été surpris par un groupe de bandits. L’opérateur économique sera enlevé et détenu pendant une semaine avant d’être libéré, moyennant paiement d’une rançon. Pour réussir leur coup, Lamine Kanté et son groupe se seraient minutieusement préparés. Ils ont effectué plusieurs visites de reconnaissance sur les lieux, se seraient familiarisés avec les chiens de garde de la victime et auraient pris le soin d’identifier ses fils.
Yacine Diallo