Les audiences criminelles se sont poursuivies ce lundi 13 mai au tribunal de première instance de Dixinn. A la barre, un gang présumé soupçonné d’être derrière plusieurs attaques à Cona-crime et à l’intérieur du bled, notamment la spectaculaire attaque de quatre boutiques à la gare routière de Bambéto en 2012. Ibrahima Bah, Mamadou Diouma Diallo, Ibrahima Ly, Sékouba Keïta, Mamadou Saïdou Diallo (qui a bénéficié d’une liberté provisoire) et Amadou Sadjo Barry (en fuite) sont inculpés pour vol à main armée, association de malfaiteurs et assassinat.

L’audience de ce lundi a été consacrée aux plaidoiries et réquisitions. Le pro-crieur, Daouda Diomandé n’est pas allé de main morte : « La criminalité était devenue un phénomène dans ce pays. C’est dans ce cadre que ces personnes comparaissent. Dans cette affaire, ils ont volé des cartons de cartes de recharge et plus de 254 millions de francs guinéens. Ils sont des amis, ils se sont dénoncés entre eux. Diouma a reconnu avoir participé à 25 attaques. C’est pourquoi nous vous demandons de les retenir dans les liens de la culpabilité. Nous sollicitons une condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 30 ans pour Ibrahima Bah et Sékouba Keïta pour les crimes de vol à main armée, d’assassinat et d’associations de malfaiteurs. Monsieur le président qu’il vous plaise de condamner Mamadou Diouma Diallo, Ibrahima Ly et Amadou Sadjo Barry (en fuite) à 20 ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté de 5 ans. En le faisant, vous dissuaderez les autres bandits de grand chemin à continuer dans cette aventure ». Daouda Diomandé a demandé l’extinction de la peine concernant Ibrahima Sow, décédé en détention.

Les avocats de la défense qui ont plaidé la relaxe pure et simple se sont évertués à détricoter un par un les arguments du mystère public. Pour Me Madiou Barry, les coupables dans cette attaque se promènent dans la nature : « Le procureur est tellement braqué contre ces gens qu’il a oublié que l’infraction se démontre et que la condamnation se justifie. Nos clients ne savent rien de cette affaire. La preuve, c’est qu’ils n’ont pas été arrêtés sur les lieux. Aucun objet volé n’a été retrouvé sur un de ces accusés. Pire, à aucun moment on a fait mention d’autres attaques dans la procédure. Et personne n’est venue dire qu’elle a vu ces gens à Bambéto. On a pris des innocents à la place des coupables ». Il a surtout dénoncé ce qu’il appelle les  » contradictions  » du parquet dans cette affaire : « On dit que Ibrahima Bah a dénoncé Diouma, alors que ce dernier était déjà en prison depuis le 24 février 2012. Le procès-verbal d’interrogatoire d’Ibrahima Bah est signé le 30 mars, mais il a été interpellé en avril. Cela démontre tout le manque de sérieux durant la procédure. Le ministère public est dans l’imaginaire. Des cartons de cartes de recharge ont été retrouvés sur des individus. Où sont-ils ? Ils sont libres, la Gendarmerie et la Police se sont accaparées des recharges et la victime n’a eu que ses yeux pour pleurer. Monsieur le président vous ne pouvez pas entrer en condamnation. Renvoyez nos clients des fins de la poursuite parce qu’il n’y a rien à leur reprocher ». L’affaire a été mise en délibéré pour le 20 mai prochain

Yacine Diallo