L’affaire a fait grand bruit en début d’année 2019. Mariama Binta Diallo, la trentaine, de nationalité américaine, a tué son mari, Alpha Oumar Diallo alias Porto, le 14 février 2019 à Bambéto. Elle a été mise aux arrêts le lendemain. Inculpée pour coups et blessures involontaires ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner et écrouée à l’hôtel cinq étoile de Coronthie. En janvier passé, son procès a démarré au tribunal de première instance de Dixinn.

Seulement voilà ! L’avocat de la prévenue a soulevé des exceptions d’irresponsabilité de sa cliente. Me Alsény Aïssata Diallo s’est fondé sur un rapport venu tout droit des Etats-Inouïs d’Amérique qui indique que dame Diallo souffrait de « graves troubles mentaux » depuis des années. Elle serait venue en Guinée en partie, pour trouver un traitement traditionnel, aider son mari à la rejoindre au pays de l’Oncle Sam. Sauf que l’expertise n’avait pas convaincu le parquet qui réclame une contrexpertise guinée-haine, pour confirmer ou infirmer la version des Américains. Ce deuxième rapport remis au parquet le 23 août 2019 a confirmé que Mariama Binta Diallo n’était pas « en possession de toutes ses facultés mentales ». Le ministère public n’en est pas pour autant convaincu. Il commande une 3e expertise dont il a reçu le rapport en février courant. Le rapport est sans équivoque : « Mariama Binta Diallo souffre d’une encéphalopathie entraînant de problèmes psychiques très critiques ». L’avocat de la défense ne nie pas que sa cliente soit l’auteure du meurtre, mais jure la main sur le palpitant, que l’infraction ne lui est pas imputable : « En Guinée, il n’y a que deux experts dans ce domaine, ces deux-là ont confirmé les problèmes de la femme. Ces rapports confirment l’irresponsabilité de ma cliente. Les faits sont établis, ils sont constitutifs d’une infraction, mais ils ne lui sont imputables. Elle est irresponsable », déclare Me Alsény Aïssata Diallo. Il annonce même que la partie civile a désisté depuis l’enquête préliminaire : « La famille du défunt est allée voir le juge pour demander la libération de la fille, parce que ce sont des cousins qui se sont mariés. La mère de la victime elle-même cherchait des médicaments pour ma cliente. Cette femme était là pour aider son mari à aller aux Etats-Unis ».

Des arguments qui ne convainquent pas le ministère public : « Nous ne sommes pas des experts, mais ce rapport est ambigu. C’est au tribunal de décider en toute conviction de la suite à donner à cette affaire ». Le procureur réitère cependant qu’il y a une partie civile : « La victime a des parents, son frère a été entendu, on ne doute pas qu’il y ait eu désistement, mais ce n’est pas devant votre tribunal ». Me Alsény de rétorquer : « Ce sont les deux parents de la victime qui se sont déplacés de Porédaka, pour faire part au tribunal de leur désistement. La famille sait que c’est un accident qui est arrivé ».

Le juge a renvoyé l’affaire au 25 février pour se prononcer sur les exceptions d’irresponsabilité soulevées par la défense.

Yacine Diallo