Chaque année depuis 1977, le 8 mars est célébrée à travers le monde comme Journée internationale des droits de femmes. Cette année, le thème retenu s’intitule : « Je suis de la génération égalité: levons-nous pour les droits des femmes. » En Guinée, elles étaient nombreuses à fêter l’événement, mais de façon différente. Au Palais du peuple de Cona-cris, elles se sont réunies autour du Prési Alpha Grimpeur et de sa douce moitié, Djéné Kaba Condé, pour passer la journée chargée de laïus, de chants et de pas de danse. Les nounous ont vanté des projets d’autonomisation en leur faveur et ont magnifié le parcours des combattantes nationales. Seulement voilà, à Labé au Foutah-Djallon, buisson situé à plus de 400 kilomètres de Cona-cris, les nounous ne se sont pas contentées que des laïus. Elles ont battu le pavé pour protester contre les multiples violations des droits humains en Guinée lors des manifs politiques et sociales. «Non aux violences contre les femmes!» ; «Nous voulons la paix» ; «Amoulanfé!», scandaient-elles.
Selon un con(.)frère, la cérémonie officielle de la journée n’a pas connu de l’engouement dans la ville de Karamoko Alpha mo Labé, à cause de cette manif des nounous du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC). «En lieu et place de la fête, elles ont plutôt organisé une marche pour exprimer leur ras-le-bol face aux tueries, aux arrestations arbitraires, aux kidnappings et autres exactions enregistrées depuis quelques semaines en Guinée. Exactions dont sont victimes les opposants à un 3ème mandat pour le président Alpha Condé», ajoute-t-il.
Habillées en rouge (couleur du FNDC), les manifestantes sont parties du rond-point de Hoggo-Mbouro pour la place des martyrs de la ville. Scandant des slogans hostiles au goubernement et au gouv de la région, Madifing Diané, critiqué pour sa gestion scandaleuse des manifs politiques et sociales durant lesquelles 5 personnes ont été tuées à Labé, au moins.
«Nous sommes sortie aujourd’hui pour montrer à Alpha Condé et à Madifing Diané que nous sommes fatiguées. Nos enfants sont tués sans aucune justice. Nous femmes, sommes utilisées comme boucliers humains, certaines tuées avec leur grossesse. Nous demandons qu’il libère nos enfants sans conditions», a fustigé Dame Yacine Diallo, de la coordination régionale du FNDC. Les nounous exigent aussi que l’éducation de leurs marmots « soit assurée. Il y a un mois depuis que nos enfants ont cessé d’étudier correctement, pourtant ce sont eux l’avenir de notre pays. Aujourd’hui, notre souci ce n’est pas de chanter et de danser, mais de montrer à Alpha Condé ce qui nous fait mal.»

Yaya Doumbouya