L’Alphagouvernance traverse une véritable zone de turbulence. Peut-être une tempête dans coffre-fort troué. Un présumé détournement de plus de 200 milliards de francs glissants, collé à Madame la ministre de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l’Emploi, a le toupet de susciter un tollé et de faire les choux des médias et des réseaux sociaux. Comme il se doit, le scandale qui affecte cette ancienne DAF endurcie est accusé d’avoir suivi des ramifications jusque dans d’autres départements ministériels. Comme si la ligne droite n’est « le plus court chemin d’un point à un autre » qu’en géométrie. Là, il s’agit de règles d’arithmétique qui consistent à additionner « des retenues » jusqu’à arriver à 200 milliards avant de commencer à forger les justificatifs. Quand ceux-ci se font tirer les oreilles, on les réclame aux pauvres journalistes – enquêteurs. Eux, ils ont la triste obligation de les fournir ou d’en récolter les conséquences du système Alpha qui, en paraphrasant Saint-Exupéry, donne ceci: « la raison fut pour les uns de voler, pour les autres de payer ».
Visiblement pris de panique avant même l’inauguration du 3è mandat, le goubernement, le PM Cas-sorry en tête, essaie de nier le casse du mois pour sortir le soldat Zénab Dramé du Nabayagate. Une stratégie qui casse mal, y compris au sein du RPG arc-en-ciel. La jeunesse du parti a désavoué le goubernement, en exigeant que l’affaire soit tirée au clair… de lune et que « les auteurs et commanditaires soient traduits devant les tribunaux ». Même que le pro-crieur de la roue-publique près le tribunal de première instance de Kaloum promet une enquête plus approfondie. Ne serait-ce que pour attraper les enquêteurs. Si jamais elle était coupable, il faudrait la raccompagner gentiment à la maison, faute de Haute Cour de Justice pour la juger.
Au sein de la classe politique guinée-haine, on s’en prend également au goubernement : « Dans un État sérieux quand la presse relaie des informations, le gouvernement prend la peine de mener des enquêtes afin de situer les responsabilités. Mais cette affaire de 20 millions d’euros, c’est la partie visible de l’iceberg. Nous savons que les DAF, les membres du groupe des 518 se sont réellement enrichis ces derniers temps parce que le gouvernement est moribond. Les DAF sont devenues des petits PDG dans les départements » déclare Saïkou Yaya Barry, secrétaire exécutif de l’UFR.
Il pointe du doigt les responsables des différentes régies financières : « Quand nous étions à l’Assemblée en 2016, nous avons demandé à ce qu’on revoie la situation au niveau des régies financières. A cette époque, les EPIC et les EPA avaient ramené 436 milliards en deux semaines grâce à l’Assemblée nationale, il y avait plus de 5 000 milliards en déperdition dans le budget de l’État. Malheureusement, il n’y a pas de sérieux pour suivre. Comme il n’y a pas de sanctions derrière pour ceux qui détournent, ils vont continuer à le faire ».
Le Prési Alpha Grimpeur a pourtant annoncé sa volonté « d’en finir avec la corruption et les détournements des deniers publics » au cours de son 3e mandat. Une illusion, selon Saïkou Yaya Barry : « Nous avons une justice qui ne peut pas faire son travail parce qu’elle est phagocytée par le gouvernement, c’est déplorable. Sinon cette dame devrait être limogée, se mettre à la disposition de la justice pour les enquêtes parce qu’elle ne peut pas manger cet argent seule. Mais il n’y aura rien. »
« Quand les 13 milliards ont été détournés, Alpha Condé a dit que les têtes vont tomber. Nous avons vu un décret enlevant un planton. Cela veut dire qu’il a entretenu et encouragé ce phénomène. Chacun peut faire ce qu’il veut dans son département et dans les régies à condition que son fauteuil de Président de la République ne soit pas menacé ».
Yacine Diallo