C’est le scandale de la fin d’année. Djénab Nabayah Dramé, ministre de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l’Emploi est accusé d’avoir détourné plus de 200 milliards de francs glissants. Celle qui a été directrice adjointe de campagne du Prési Alpha Grimpeur, se serait arrosée cette somme quand elle était DAF aux mystères de la Santé et de l’Agriculture, mais aussi au département de l’Enseignement technique qu’elle occupe actuellement. A la place d’une enquête sérieuse pour déterminer les responsabilités et déceler éventuellement les ramifications, le goubernement auquel elle appartient, s’est plutôt lancé dans une sorte de solidarité aveugle, en promettant d’aider la mise en cause à traduire les journalistes qui ont parlé de cette affaire devant une justice sûrement aux ordres. Dame Djénab Dramé a fini par porter plainte contre Youssouf Boubdou Sylla, coordinateur général de Guineenws.org, Moussa Moïse Sylla, directeur d’inquisiteur.net et Ibrahima Sory Traoré de guinee7.com. Les trois sont cités à comparaître par devant le tribunal de première instance de Kaloum, le 15 décembre prochain. Ils sont accusés de « diffamation sur la personne, l’honneur et la dignité de femme » de la ministre. Ibrahima Sory Traoré, un des accusés soupçonne le goubernement de vouloir mettre la presse aux pas : « La vérité est que nous sommes étonnés. Mais je crois c’est une démarche qui consiste à intimider la presse dans cette affaire. Nous faisons un travail humain. Nous, nous avons montré notre bonne foi, en cherchant la bonne information. Le hic est que dès que l’affaire a éclaté, c’est le gouvernement qui sort un communiqué pour menacer la presse. Ce communiqué n’était pas basé sur des faits…le gouvernement juge simplement anormal l’acte des journalistes. Personnellement, je pense que notre problème provient des critiques qu’on a faites sur ce communiqué ». Il estime que Djénab Nabayah et le goubernement auraient mieux fait de s’atteler à démontrer qu’elle n’a pas détourné de l’argent que de trimbaler devant les tribunaux ceux qui ont révélé l’affaire : «Il se peut qu’il ait des excès dans le traitement des informations, il se peut qu’il ait des convocations, mais pas devant la justice. Ce qui est bizarre, c’est que madame la ministre n’a jamais voulu se défendre comme les autres le font quand ils sont accusés. Malheureusement on ne s’attarde pas sur les faits, on nous dit simplement qu’il n’y a pas de détournement. Mais cela ne nous empêche de faire notre travail, ça nous galvanise. Si cet acte est posé pour museler la presse, c’est peine perdue. On va continuer à faire notre travail dans les règles de l’art. On va répondre à la convocation, ils vont nous dire ce qu’on a fait».
Yacine Diallo