La filiale de Shell au Nigeria va devoir payer pour avoir empoisonné les sols et les cours d’eau dans deux villages de la région du Delta, privant les populations locales de leurs moyens de subsistance. Lors de ce procès, la multinationale avait pointé la responsabilité de présumés saboteurs, mais la cour a rejeté cette hypothèse, qui aurait permis à la compagnie de s’en tirer sans dépenser un centime.
La justice néerlandaise a donc donné raison aux fermiers locaux, soutenus par l’ONG Friend of the Earth International, (Les Défenseurs de la Nature). Cette condamnation d’une filiale de Shell est une grande première, même si la maison-mère, 3e plus grande compagnie pétrolière mondiale, n’est pas mise en cause. La compagnie est quand même sommée de s’assurer à l’avenir que ce type d’incident ne puisse plus se produire. Un système de contrôle anti fuite devrait d’ailleurs être installé sur l’un des pipelines concernés. Le procès va désormais se poursuivre pour évaluer le montant des indemnités à verser par Shell, mais ce verdict est d’ores et déjà une immense victoire pour les défenseurs de l’environnement et les populations locales.
Les communautés du Delta font régulièrement face à ce genre de désastres, liés à la mauvaise maintenance et au manque de protection des infrastructures, selon les défenseurs de la nature. Maître Chima Williams, l’avocat principal des plaignants, a suivi le verdict avec les plaignants à Port Harcourt. « Bien sûr, ils sont très excités, et très heureux qu’après toute cette lutte qui a duré 13 ans, ils ont pu remporter sortir vainqueurs. Il y a aussi regret pour nous tous, car deux des plaignants n’ont pas pu vivre jusqu’à ce jour pour voir ce verdict alors qu’ils espéraient cette conclusion. C’est malheureux, car Shell aurait pu raccourcir la procédure, accepter ses torts, résoudre le problème avec les communautés locales.
Je crois que cette décision aura des effets positifs : elle va réduire les situations de crise car les citoyens sauront qu’ils peuvent obtenir justice par les moyens légaux plutôt que d’essayer de se faire justice eux-mêmes. Cela va aussi forcer les grandes compagnies, les multinationales, à faire attention, à agir avec responsabilité car elles sauront que peu importe combien de temps elles essaieront d’éviter la justice, la force de la loi finira par les rattraper. »
Avec Liza Fabien, RFI