La pandémie Covid-19 n’a pas provoqué que la récession au niveau des entreprises. La crise sanitaire a aussi impacté les activités agropastorales en Moyenne-Guinée, notamment dans le Bassin du fleuve Sénégal. Dans la préfecture de Labé par exemple, les habitants de la sous-préfecture de Kaalan, située à plus de 17 kilomètres à l’est de la commune urbaine, se plaignent des effets du Covid-19 sur les réalisations de l’OMVS (Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal). C’est du moins ce qu’a appris début mars 2021 dans ce buisson un membre du REJAO-Guinée, Réseau des journalistes pour les activités de l’OMVS en Guinée.

Le premier vice-maire de Kaalan, Mamadou Dian Diallo, comme certains bénéficiaires des projets de l’OMVS, se plaint de l’arrêt de certaines activités de l’organisation, via le PGIRE II (Projet de gestion intégrée des ressources en eau et de développement des usages multiples) à Kaalan. «L’OMVS avait envisagé de nous aider à clôturer certains de nos domaines agricoles, notamment des bas-fonds. Ce projet est à l’arrêt suite à l’apparition du Covid-19. Des plants d’arbres fruitiers ont été tout de même plantés dans tout Kaalan, avant la maladie. Ce que les habitants ont apprécié, surtout que l’OMVS a équipé les bénéficiaires de brouettes, de pelles, de pioches, etc., pour entretenir les plantations.» Dans le cadre de la préservation des têtes de sources du fleuve Sénégal, à Kaalan tout comme dans la sous-préfecture de Noussy au sud-est de Labé, l’OMVS vulgarise des techniques appropriées pour la protection de la rivière Dombélé qui se jette dans le Bafing qui forme, avec la Bakoye, le fleuve Sénégal. A propos, chaque famille de Kaalan qui dispose d’un domaine agricole avait bénéficié de trois espèces de plantes : trois avocatiers, trois orangers et trois manguiers, selon le vice-maire. Au total, l’OMVS a doté Kaalan de 28 mille plants d’arbres fruitiers, a-t-il affirmé. Si le magasin de stockage des produits agricoles de Kaalan-centre, les huit forages (deux à Kaalan-centre, trois à Missidè-Tigua, trois à Madinatou-Salam) sont tous fonctionnels, les projets des passerelles, de la piste qui passe par le mont « Fankala » (sa réalisation réduirait de 4 à 5 km la distance Labé-ville à Kaalan-centre, destination Tougué), et l’aménagement de deux bas-fonds,  souffriraient des effets de la pandémie Covid-19. «Nous les supplions de réaliser ces projets, parce qu’ils sont d’une importance capitale pour les habitants de la sous-préfecture de Kaalan. Leur arrêt préoccupe non seulement les citoyens mais aussi et surtout les responsables et administrateurs locaux de qui les communautés exigent des résultats. S’il y a eu promesse non tenue, ces responsables locaux ont le devoir d’expliquer aux citoyens les raisons de l’arrêt de ces différents projets au risque d’être pris pour des menteurs.»

Un des bas-fond aménagé (clôture grillagée) dans le district de Missidè-Tigua (S/P de Kaalan)

De passage, Mamadou Dian Diallo, se félicite de certaines réalisations : gabions, passerelles, encadrement des communautés contre l’érosion et la déforestation, abreuvoirs pour les animaux domestiques, lavoirs au bord de certains marigots. Excusez du peu !

D’un impact à l’autre

Lanciné Traoré, dirlo préfectoral de l’Agriculture a aussi expliqué  les impacts de la pandémie sur les producteurs du buisson de Labé. «La pandémie de Covid-19 a provoqué d’énormes dégâts dans la préfecture de Labé. Les productions ont été largement affectées, tant du point de vue stock que vente. Si nous prenons la pomme de terre, culture motrice dans la préfecture de Labé, il y a eu le non écoulement des produits, occasionnant des pertes énormes à hauteur de 3 500 à 4 000 tonnes. Ces chiffres sont issus des enquêtes réalisées auprès des producteurs». Au niveau du maïs, selon le dirlo, les pertes sont estimées entre 10 et 20 tonnes. L’autre impact non négligeable est le non approvisionnement en intrants agricoles : engrais et produits phytosanitaires pour la saison agricole 2019-2020.

Lanciné Traoré, dirlo préfectoral de l’Agriculture à Labé

L’occasion faisant le larron, les méfaits de la pandémie Covid-19 ont permis «aux spéculateurs de multiplier par trois le prix du sac d’engrais de 50 kilogramme à Labé», a affirmé Lanciné Traoré. Son prix est passé de 135 000 à 400 000 FG. Or, ajoute-t-il, l’Etat «avait fait une subvention à 135 000 fg le sac de 50 kilogrammes, ce qui arrangeait les producteurs. Mais à cause de la pandémie, des vendeurs ont spéculé sur les prix.»

Le dirlo n’oublie pas non plus le confinement des cadres chargés de l’encadrement des producteurs. Ce qui a «rendu l’assistance aux producteurs difficile, voire impossible». La fermeture des frontières y a également apporté son grain de sable. «Il faut le reconnaître, la fermeture des frontières avec les pays voisins, notamment avec le Sénégal, due au Covid-19, les produits comme le fonio, les mangue, le piment, les oranges et autres produits périssables sont restés en putréfaction le long des frontières, occasionnant des pertes dans la commercialisation.» Ce qui a entraîné la chute du pouvoir d’achat des producteurs agricoles et des éleveurs, sans «négliger aussi la perte des semences à cause de la longue conservation. On a besoin de semences certifiées, mais à vouloir les garder longtemps dans les magasins de stockage, elles peuvent s’altérer…» Nombreux sont les conflits nés entre les producteurs, les commerçants et les transporteurs, suite au pourrissement de certaines productions agricoles à destination des pays voisins pour leur commercialisation.

Lanciné Traoré déplore l’exclusion de sa direction dans les activités de l’OMVS à Labé. C’est pourquoi, il plaide pour l’implication ou tout au moins l’information de sa direction dans la réalisation des activités de l’OMVS dans le coin. «On n’a pas les informations liées aux activités de l’OMVS dans la préfecture de Labé. Je sais que l’OMVS fait des reboisements, des forages et d’autres activités liées à l’agriculture. On me le dit, malheureusement, l’Organisation n’est pas venue vers nous pour nous associer à ses activités. Je leur demande de créer un cadre de concertation entre les différents services et le développement rural.» Sûr que l’OMVS en prendra bonne note.

Mamadou Siré Diallo

Envoyé spatial