Invité de l’émission Œil de Lynx du vendredi 2 mars, Bah Lamine, BML, s’est demandé depuis Montréal ce qui se passe dans la forteresse de Sékhoutouréya et a exigé un peu plus de transparence dans la gestion des affaires publiques. Conakry n’arrête pas de produire des ordures et des bruits, des bruits souvent orduriers qui vous coupent sommeil et appétit. En la matière, le weekend du vendredi 2 au dimanche 4 mars aura atteint des sommets au sommet de l’État. Les deux palais sensés gouverner le pays, le Palais de la Colombe et celui de Sékhoutouréya, s’en sont donnés à cœur joie pour empêcher les Guinéens de dormir.
Les premières salves sont parties de la Primature de Kassory à travers des murmures de démission. « Il parait que Kassory a abandonné ses fonctions de premier ministre jeudi 1er avril, mécontent qu’il est de l’audit commandité à la Mamri par on ne sait qui. L’on sait par contre que cette Mamri, (la Mission d’appui à la mobilisation des ressources internes) avait été créée par Kassory, rattachée à la Primature et qu’Alpha l’avait ramassée pour la rattacher à la Présidence. Un fonctionnaire aux mains lestes y aurait piqué 15 millions de dollars. Des bérets aux yeux rouges auraient même cadenassé les portes des bureaux à Sandervalia. Et Pitti et patata.»
Les journaleux n’ont eu le temps que de s’assurer de la présence d’auditeurs dans le coin et que des bérets bien rouges ont eu le temps de cadenasser les portes de l’institution. Quelque 15 millions de dollars avaient également été promis à cette Mamri à problèmes. Dont les paiements seraient répartis en trois échéances.
On n’avait pas fini de voir si des dollars non encore payés peuvent être détournés que les bruits de Cona-cris surgissent de nouveau pour annoncer la démission du Cas Sorry jeudi 1er avril. Puisque par respect pour l’opinion, il n’est pas décent de vendre un poisson de cette taille-là même le 1er avril, on s’est vu contraint de fouiller encore dans la merde. Certains sont prêts à jurer que la lettre de démission, écrite de la main du Premier Ministre, n’est pas arrivée à destination grâce à, ou à cause de l’insistance de Mory Diané, l’ami intime de Don Kass terré à Washington. D’autres vous disent que la missive se trouve bel et bien entre les mains d’Alpha Condé. Et que celui-ci, non content de ne pas l’avoir acceptée, a désigné des médiateurs qui ont pour noms Mohamed Diané, le ministre déchargé des affaires présidentielles, Amadou Damaron-ron Cas Marrant, président du parlement monocolore et Seinkoun Kaba, chef du Protocole de la Présidence. Qui croire ? Que dis-je, qui ne pas croire ?
La première victime de nos interrogations, Toto.
– M. Toto, un démissionnaire, fût-il le Premier Ministre, va-t-il au bureau le lendemain de sa démission?
– Non.
– Très bien. Ibrahima Kassory Faux-Fana n’est pas allé au bureau vendredi 2 avril. Il a donc démissionné.
Mais, lance un confusionniste, s’il est malade, il n’ira pas au bureau non plus. Tournez-vous vers les émissaires ! Ah, oui, on aurait dû y penser. Suit une pluie de « il parait » si torrentielle que l’on risque d’y perdre son latin. En fin de compte le Cas-Sorry serait resté sur sa position : au fond, il n’a affaire qu’à Alpha et à Alpha seul.
Il ne fallait pas être au Carrefour Bambéto dimanche 4 mars en fin d’après-midi pour vivre la confirmation de la fermeté du Cas Sorry. Bambéto s’est retrouvé en otage entre les mains des bérets rouges de la garde pestilentielle. « Que personne bouge ! » Un poing, c’est tout. « Et puis taisez-vous, compris ou pas ? »
Un peu plus bas, au carrefour du Centre-émetteur, c’est encore plus grave. Tout se bloque avec grâce. Ça ne va pas, lance un homme en tenue qui déambulait par là. On nous a dit de tout bloquer. On a tout bloqué jusque chez Kassory, à Lambandji. Rien, personne ne bouge. Le Président y va.
Le voilà, le Président qui y va, au milieu d’une armada encore inconnue des Conakrykas. Toutes les armes, tous les corps devaient y être représentés. Lambandji a été bouclé jusqu’à la sortie d’Alpha Condé de chez Kassory Fofana. Qu’est-ce qu’ils se sont dit ? Nul ne le sait. Bah Lamine a raison de se demander ce qui se passe dans nos palais, notamment à Sékhoutouréya. Il faut que la présidence de la République de Guinée revienne à la Guinée. Cette quête du savoir ne relève pas de la liberté de la presse, mais de la souveraineté du citoyen lambda, le Guinéen tout court. Qu’on le veuille ou non.
DS