Plusieurs villes du bled font face à des coupures intempestives du courant mercenaire d’EDG (Entreprise de délestage en Guinée). Conakry, Kankan, Boké, entre autres, sont les plus célèbres. A Simbaya-école, commune de Matoto, les ménages sont privés d’électricité quasiment toute la journée. Quand le courant coupe à 9 h, il ne revient que vers 17 h.

Le 14 avril, à Boké-ville, des jeunes manifestants ont battu le macadam, pour protester contre le manque du courant électrique. La protestation s’est déroulée précisément dans le secteur « 400 bâtiments », quartier de Yombonya où les ménages ont passé plusieurs jours sans électricité. Les manifestants ont été rejoints par d’autres venus du secteur Dantari et du quartier Lambanyi, aussi touchés par le délestage. Dans la soirée, les jeunes en colère ont barricadé la route à l’aide des troncs d’arbres et des blocs de pierres au carrefour Aiglon et à l’Ecole normale d’instituteurs de Boké, à Bappaya. Les forces de sécurité ont débarqué et ont dispersé les manifestants à coup de gaz lacrymogène.

Mory Kaba, le dirlo par intérim d’EDG à Boké, a invité les manifestants au calme. Il s’est engagé à ramener l’électricité dans un bref délai. «Le groupe électrogène qui fournit le courant à la zone de 400 bâtiments jusqu’à Dantari est tombé en panne. Nous avons déjà envoyé un deuxième groupe qui se trouve à l’ENI, mais nous n’avons pas encore fini l’installation. Je demande aux jeunes de se calmer et de savoir que nous sommes concernés par ce délestage. Ce n’est donc pas de notre gré si nous n’avons pas le courant. J’ai déjà fait des communiqués pour informer les citoyens de cette situation, mais apparemment, certains n’ont pas compris». Selon des confrères, le courant était revenu dans une zone du secteur 400 bâtiments.

La ministre tranche 

La ministre de l’Energie, Bountouraby Yattara, lors de son passage le 13 avril à l’Assemblée nationale, a laissé entendre que la régularité de la desserte du courant électrique à l’intérieur du pays est liée à la réalisation des barrages hydro-électriques.

En ce qui concerne la ville de Kankan, où les manifs sont récurrentes, la ministre déclare : «Je pense que très bientôt, on va améliorer la desserte, mais on ne fait pas le travail progressivement. C’est forcément lié à la réalisation du barrage de Fomi de 90 mégawatts (…) Nous utilisons les sources d’énergie disponibles pour satisfaire la population, et les barrages, ça se fait en plusieurs années, nous y travaillons. Aucune ville de l’intérieur ne pourrait être servie 24h/24.» C’est au moins une vérité.

Yaya Doumbouya