Lors de son dernier passage dans l’émission « Les GG » de Espace FM, monsieur Khalifa Gasssama Diaby a déclaré à propos d’un membre du Gouvernement, dans la rubrique » Jeu de photos », que c’est son ami. Ayant compris l’étonnement des journalistes, il s’est empressé d’ajouter ceci: « Je peux être ami à quelqu’un dès lors qu’il ne m’impose pas ses opinions ou sa position « . Cette précision est importante car en Guinée, beaucoup pensent que la divergence d’opinions sur le plan politique surtout équivaut à une inimitié, à une animosité. Bref, ils pensent qu’être des adversaires politiques, c’est être des ennemis. Un ministre me confiait récemment qu’un de ses collègues lui a posé la question de savoir comment il pouvait être ami aux « avocats de l’opposition ». Il aurait répondu tout simplement que son positionnement politique actuel ne peut l’empêcher d’avoir des amis même parmi les opposants les plus irréductibles au régime. Il est important que nous apprenions à faire la part des choses.
À l’occasion du décès de Hamed Bakayoko, ancien Premier ministre de Côte d’Ivoire, l’une qualités que presque tout le monde a retenues de lui et saluées, c’était sa capacité à parler aussi bien aux partisans du pouvoir qu’aux adversaires les plus déterminés de ce pouvoir. Beaucoup ont mis en relief la même qualité d’ouverture d’esprit chez feu » Cherif de Washington « , ancien conseiller de monsieur Ibrahima Kassory Fofana. Il est utile parfois de maintenir le pont entre les différents bords. C’est donc malsain de suspecter les gens en raison de leurs amitié ou de leur parenté avec telle ou telle personne de tel ou tel bord. Celui qui change de conviction en raison de ses relations d’amitié ou de parenté, n’a pas conviction en réalité.
Cela étant dit, il y a des amis avec lesquels il faut absolument prendre ses distances ou couper carrément les ponts. C’est entre autres ceux qui jouent un rôle actif dans la violation manifeste et grave des droits des citoyens, ceux qui soutiennent ou justifient, d’une manière ou d’une autre les dérives autoritaires d’un régime.
Me Mohamed Traoré