Cette année, la Guinée a été recalée à l’élection au programme américain MCC, Millenium challenge corporation. Elle n’a validé que neuf points sur vingt requis. La cause ? Manque d’indicateurs relatifs aux droits humains et à la démocratie tous malmenés par le système en place. Si le gouvernement dénonce un manque de communication, Sidya Touré, le leader de l’UFR, Union des forces démocratiques de Guinée, a parlé, le 20 avril, sur les «GG», d’un échec. Dans ce programme, la Guinée a vu s’envoler 500 millions de dollars US.
«Nous perdons de l’argent qui nous était destiné par la faute de la gouvernance de notre pays. Nous avons échoué sur les points comme celle de la démocratie et tout ce qui s’en suit. Je pense que c’est l’occasion pour certains caciques du gouvernement de savoir que leur refus d’accorder la liberté de la parole, la liberté de manifester, les tueries, ont des conséquences. Cet argent gratuit aurait pu être investi dans les secteurs porteurs de croissance et d’amélioration des conditions de vie de nos citoyens. C’est un échec total de la part du gouvernement », regrette-t-il. Pour lui, le gouvernement doit reconnaître qu’il y a un prix à payer par rapport aux comportements qu’il a adopté en transformant «leurs populations en gibiers, comme ce que nous venons de voir à Kouroussa. Il faut arrêter !»
Le courant, c’est tour-tour
Sidya Touré a rappelé que la Guinée dispose de potentialités hydro-électriques et la capacité de fournir du courant à plusieurs de nos pays voisins. Selon lui, le projet d’interconnexion avec le Mali s’inscrit dans ce cadre, mais pour l’heure, « les problèmes que l’on a, c’est que nos barrages ne nous profitent pas pour le moment, à plus forte raison d’envisager d’en donner à des voisins. »
« Une décennie de gestion, trois milliards de dollars dépensés, on devrait avoir dans les villes de Guinée de l’électricité 24 h/24. Le projet que j’avais développé avec la Côte d’Ivoire devrait nous permettre d’électrifier de Mandiana à Yomou, en passant par Kankan, Kouroussa et N’Zérékoré… L’électricité, on en a besoin immédiatement, cela ne peut pas être mis en perspective. Ce n’est pas parce que l’on a quelques améliorations de temps en temps, à Conakry, que l’on dira que l’électrification en Guinée est une réussite. Jusqu’à présent, il y a des batailles autour des groupes électrogènes, autour des tour-tour que l’on donne de 19 heures à minuit. Il faut sortir de cela. Normalement, c’est une denrée qui doit être disponible permanemment », renchérit Sidya Touré.
La semaine dernière, une manifestation due au manque du courant électrique a éclaté à Boké, où des quartiers sont alimentés par des groupes électrogènes. A Kankan, les protestations sont récurrentes et le délestage est si persistant que les jeunes ont fondé le Mouvement pour l’électrification de la Haute Guinée. Mais le courage de ces jeunes se trouve confronté à une manipulation sans frein dans ce bastion du Rpg-arc-en-ciel, parti au pouvoir.
Yaya Doumbouya