Amadou Diouldé Diallo est actuellement devant le juge du TPI de Dixinn, pour offense, atteinte au Chef de l’État.
Dans ses réquisitions, le procureur Sidy Souleymane N’Diaye a demandé au juge de le déclarer coupable des faits qui lui sont reprochés : «Qu’il vous plaise de retenir Amadou Diouldé Diallo dans les liens de la prévention pour avoir atteint l’honneur et à la considération de M. Alpha Condé, Président de la république. Pour la répression, condamnez-le à une peine d’amende de 5 millions de francs guinéens.» Le procureur s’est aussi attelé à justifier le placement en détention provisoire du prévenu : «Dès le départ, nous avons dit aux officiers de police judiciaire que c’est la loi sur la liberté de la presse qui est applicable. Mais bien qu’exclusive des peines d’emprisonnement, cette loi n’est pas dépénalisée. Elle comporte des peines d’amende ; l’amende, en droit pénal, est une peine. Il a été dit qu’il n’y a pas de détention en matière de délit de presse, c’est faux. La détention est une faculté pour le juge. Amadou Diouldé Diallo méritait la détention parce que ses propos sont de nature à troubler l’ordre public. Nous assumons sa détention provisoire sur le fondement de l’article 132 de la loi L02. Il a tenu des propos de nature à porter atteinte au respect dû à la fonction du Président de la République ».
Pour les avocats de la défense, ces arguments du procureur ne tiennent pas la route : «Je suis d’accord avec le procureur que la L02 prévoit la détention provisoire dans certains cas, notamment le cas d’offense au Chef de l’État. Mais aucune disposition légale ne prévoit les conditions de cette détention. Il dit qu’il a respecté la L02, mais il a mal visé cette loi en plaçant Amadou Diouldé en détention. Et après 42 jours de détention, on requiert 5 millions de francs guinéens. Nous sommes dans une hypothèse où Amadou Diouldé Diallo ne pouvait être condamné à une peine privative de liberté. Il ne peut en aucun cas nous convaincre », déclare le bâtonnier Mohamed Traoré. Selon lui, Amadou Diouldé Diallo n’est rien d’autre qu’une victime transformée en bourreau : «Je dirai que le procureur s’est peut-être trompé. Il a voulu être en conformité avec sa réputation de procureur répressif. Aujourd’hui, ceux qui dénoncent le communautarisme sont traités de communautaristes, c’est une malhonnêteté, une lâcheté. Amadou Diouldé Diallo a voulu tirer la sonnette d’alarme.»
Au moment où nous écrivions cette dépêche (14h 05 minutes), les plaidoiries des avocats se poursuivaient.
Yacine Diallo