Le procès du journaliste et historien Amadou Diouldé Diallo s’est ouvert ce 13 avril, au tribunal de première instance de Dixinn. Il est inculpé par le parquet de Dixinn pour offense et atteinte au Chef de l’État. Des faits prévus et punis par les articles 98, 105 et 132 de la loi L/2010/02/du 22 juin 2010 portant Liberté de la presse en Guinée, les faits reprochés à Amadou Diouldé Diallo se sont passés par voie de presse.

Amadou Diouldé Diallo, alité au CHU Ignace Deen depuis plusieurs semaines, est arrivé au tribunal peu avant 10h, une minerve autour du cou. A la barre, il a plaidé non coupable, et est resté combatif tout au long de son audition. Il a justifié ses propos sur Lynx FM par le fait, selon lui, que la radicalisation du Chef de l’État vis-à-vis de la communauté peule n’a cessé de grimper: «La radicalité du Président de la république à l’encontre de la communauté peule m’a interpellé… Cette stigmatisation pouvait être muette comme ça se passe souvent. Mais c’est ici qu’on a instruit l’opération Mandeng djallon, cela m’a inquiété, je me suis levé pour que le Fouta-Djalon n’implose pas. Il n’y a pas de Mandeng au Fouta-Djalon, mais c’était pour déstructurer cette région. A Bellevue, il a dit que les peuls sont des poux. A Kindia, il a dit qu’ils sont des tortues. En Haute-Guinée, il a dit que la Guinée appartient aux malinkés, aux soussous et aux forestiers. Je me suis battu non pas parce que je suis ethno, mais parce que j’ai entendu le Président de la république dire « Celui qui vote pour un autre candidat autre que lui aura voté pour le candidat du Fouta ». Le Fouta n’a pas de candidat. Des personnes comme Woulada Souaré, Gnelloy et Korbonya (des militants du RPG arc-en-ciel, ndlr) distillent des insanités, mais il les reçoit, ils sont protégés par des bérets rouges. C’est à cause de la radicalisation du Président que j’ai dit qu’il veut exterminer les peuls. Les choses sont en train de monter depuis 10 ans.»

Amadou Diouldé Diallo révèle que dans un passé  récent, le Président et son entourage appréciaient ses sorties médiatiques. «Quand il y a eu des problèmes à Kindia, j’ai dit aux peuls qu’ils n’ont pas raison. J’ai été à Kindia pour présenter mes excuses à El Hadj Mamoudou Camara (premier imam de la grande mosquée de Kindia, ndlr). 40 minutes après, tout l’entourage du Chef de l’État m’a appelé pour me féliciter. Ils m’ont même dit de ne pas sortir de Conakry parce que le Président voulait me rencontrer… Moi, je ne suis pas dans l’ethnocentrisme. Nous ne devons pas porter les contentieux de l’histoire. Nous devons éviter les frustrations, moi je n’offense pas, j’interpelle. Je ne suis pas pyromane, je suis pompier.»

Aujourd’hui, Amadou Diouldé Diallo se présente en victime. Il tacle l’entourage du Chef de l’État : «Mon problème, c’est moins le Président que ces gens qui rôdent autour de lui. Ces gens qui voulaient le tuer de par le passé, qui se battent aujourd’hui pour sa succession. Je ne suis qu’une victime, je suis privé de salaire depuis 9 ans, j’ai une famille, mais je ne baisserai jamais les bras face aux imposteurs.» Le procès continue au moment où nous mettions cette dépêche en ligne.

Yacine Diallo