À cause de la pandémie du Covid-19, les autorités sanitaires et religieuses ont décidé d’interdire les prières collectives nocturnes dans les mosquées pendant les dix derniers jours du ramadan. Nombreux sont les citoyens qui contestent la décision.
Dans la nuit du lundi 3 mai, aux environs de 23 heures dans la préfecture de Siguiri, les citoyens irrités par cette mesure ont exprimé leur colère en érigeant des barricades sur la rue menant à la résidence du Préfet et au bloc administratif. La mairie a essuyé également des jets de pierres. Le commissariat central de police n’a pas été épargné. Les vitres du bâtiment ainsi que les pare brises du pick-up des patrouilles ont volé en éclats. Les forces de l’ordre ont calmé les manifestants à coups de gaz lacrymogènes.
A Conakry, de nombreux citoyens déplorent la décision. Le 4 mai, M. Thierno Madjou Bah, étudiant, rencontré au carrefour Conteyah, commune de Ratoma, pense que la décision n’a pas de lien avec le Coronavirus. «Je trouve ridicule l’interdiction des prières nocturnes pour des raisons de Covid-19 parce qu’il y a trop de mouvements et de regroupements dans plusieurs endroits de la ville. Mais comme c’est une décision de l’Etat, on ne peut pas s’y opposer. »
M. Mamadou Béla Diallo, habitant à Bantounka, ne conteste pas non plus la décision, mais déplore la manière d’agir des autorités. «C’est normal que l’Etat interdise les regroupements en cette période de Covid-19 pour en éviter la propagation. Parce qu’il est plus important de faire les prières nocturnes à la maison que dans les mosquées. Mais ce qui est déplorable, la décision a été prise à la dernière minute et ne concerne que les prières nocturnes. Comme il le savait depuis le début de la pandémie, il fallait donc réagir à temps», a insisté M. Diallo.
Mlle Kadiatou Diallo, habitant à Cosa, trouve la décision absurde : «Je pense que ce n’est pas que cette interdiction a été décidée à cause du Covid. Les marchés sont remplis et certains ne portent même pas de masque. Il y a également des entreprises qui regroupent plusieurs personnes. Les établissements d’enseignement sont bourrés de monde, mais il n’y a pas eu interdiction à ce niveau. Même les prières de 20 heures (tarawi) dans les mosquées, il y a beaucoup de monde, mais elles ne sont pas interdites. Je ne comprends pas pourquoi ils se focalisent seulement sur les prières nocturnes où il y a moins de risque de contamination en se basant sur le nombre. Parce que j’estime qu’on retrouve plus de monde ailleurs que lors de ces prières. Je demande aux autorités de revoir leurs décisions ».
M. Mohamed Touré, Petit-Simbaya, trouve cette mesure sélective : « Les autorités devraient se limiter au respect strict des mesures barrières. Aller jusqu’à interdire les prières nocturnes, je pense que cela n’a pas de sens. Durant la campagne pour la présidentielle de 2020, l’Etat ne parlait pas de pandémie. C’est après l’investiture du président pour un 3e mandat qu’il a recommencé à parler de la maladie. Aujourd’hui, il y a des regroupements partout, notamment lors des baptêmes, des mariages et autres. Mais il n’y a pas eu d’interdiction à l’occasion de ces événements, je me demande pourquoi ? »
Baïlo Diallo