Décidé à augmenter les prix des produits pétroliers à la pompe après le mois de ramadan, le gouvernement était, selon toute vraisemblance, prêt à imposer les nouveaux tarifs à partir du 1er juin. Mais face au tollé suscité dans la cité, les autorités ont fait machine arrière, du moins pour le moment. Une façon de reculer pour mieux sauter ? Le porte-parole du gouvernement estime que cette augmentation est indispensable au vu de la situation économique dans laquelle le pays se trouve. Il admet cependant des négociations avec les partenaires sociaux et économiques pour trouver une solution consensuelle. Mais plusieurs acteurs accusent le gouvernement de chercher à faire payer aux populations les faramineuses sommes dépensées pendant le référendum de mars et la présidentielle d’octobre 2020 : «Tout a été mis au point au forceps pour faire passer le 3e mandat. Au lieu que notre argent soit dépensé dans des projets d’intérêt commun, nos gouvernants l’ont utilisé pour se maintenir au pouvoir… Ils n’ont pas pensé aux conséquences. Aujourd’hui, on veut faire payer à la population la facture salée. L’augmentation du prix du carburant entre dans ce cadre. Il y a même d’autres mesures qu’ils avaient envisagées, même s’il semble qu’ils ont reculé. L’Etat aurait demandé aux sociétés minières de payer en avance les taxes, les redevances et peut-être même les taxes à l’exportation jusqu’en 2025, pour renflouer les caisses. Cela, c’est en plus des efforts demandés aux services des douanes, à la police et à toutes autres entrées d’argent de doubler les recettes. Comme cela n’a pas réussi, ils essaient de trouver les moyens pour augmenter le prix du carburant », déclare Dr Edouard Zoutomou Kpghomou, président du parti Union démocratique pour le renouveau et le progrès.
L’opposant accuse le gouvernement d’entretenir volontairement des crises et se dit certain que les Guinéens sont aujourd’hui assis sur une sorte de poudrière : «Compte-tenu de toutes les contradictions qu’il y a aujourd’hui au sein de la société guinéenne, de la classe politique, dans la gouvernance, sur le plan politique, la Guinée ressemble à un volcan dormant. Les contradictions sont telles que, si on ne prend pas des dispositions, nous risquons de nous retrouver dans une situation qu’on ne pourra pas gérer».
Yacine Diallo