Le 1er juin, Bah Oury, le leader de l’UDRG, Union des démocrates pour la renaissance de la Guinée, est revenu sur la situation économique de la Guinée, sur Espace Fm. Selon lui, le gouvernement doit trouver un plan « stratégique majeur » afin de renflouer les caisses de l’Etat et accroître les ressources intérieures, car argumente-t-il, la situation économique du pays reste «extrêmement » difficile.

« Il faut des ressources additionnelles pour permettre au pays d’avancer. Tous les trois ans, on revient au même discours, les mêmes propos. Cela veut dire que jusqu’à présent on n’a pas identifié les contraintes structurelles de notre économie pour dire que l’on en a assez. Pourtant, il faut les trouver pour les résoudre définitivement afin de permettre à la Guinée d’évoluer harmonieuse dans le cadre de la gestion de son économie », explique-t-il.

En 2020, le gouvernement guinéen n’a pas eu recours au financement électoral international pour les trois scrutins, arguant être en mesure de financer ses élections sans aide extérieure. A cet effet, la planche à billet a été utilisée pour financer les élections. Conséquences, « ils ont accru l’endettement du Trésors vis-à-vis de la Banque centrale de près de 5 milliards de dollars, uniquement durant l’année 2020. Et rien ne dit que cela ne vas pas aller en crescendo. On n’a pas cherché à recueillir le consensus national pour pouvoir bénéficier de l’aide bilatéral ou multilatéral. On s’est mis dans la tête qu’on va faire ce que l’on veut, quel que soit le prix qu’on va payer », dénonce Bah Oury, qui, par ailleurs, égrène des conséquences de cette situation : « Finances publiques « complètement asséchées, situation politique crispée, déficit de confiance, pays isolé.»

A l’en croire, si la Guinée persiste à vouloir rehausser taxes et impôts, au lieu de se faire des recettes additionnelles, on subit une spirale de crise, qui amènera les syndicats à réclamer des augmentations salariales. « L’augmentation du carburant va ouvrir la boîte à pandores avec des revendications salariales qui ne seront pas contrôlés et qui, en définitive, alourdiront les déficits publics de tous les secteurs. Peut-être, il vaut mieux laisser cela et trouver une autre solution », recommande-t-il.

Politique monétaire «désastreuse»

Le franc guinéen perd régulièrement sa valeur face à la devise. L’inflation oscille entre 12 et 13%. Conséquence, le pouvoir d’achat des ménages dégringole. Alors que, le 31 mai, le gouverneur de la Banque centrale, Dr Lounceny Nabé, a déclaré que la monnaie nationale « se porte bien… il y a une chance qu’elle se porte de mieux en mieux.» Mais, l’opposant, Bah Oury, n’y croit pas et voit ailleurs le problème : « Le vrai problème, c’est que nous refusons de voir la réalité en face. La politique monétaire de la Guinée est désastreuse. Très longtemps, elle n’a pas pu faire prospérer une économie stable. Le Maroc a une capacité de gestion de sa monnaie qui fait que la parité est presque équivalente depuis longtemps avec le Rouble. En Guinée, nous sommes dans l’incapacité depuis l’indépendance de gérer correctement notre monnaie nationale. La politique monétaire est mauvaise. »

Selon lui, la politique budgétaire est aussi beaucoup plus « déficiente, parce qu’au lieu de chercher à accroître l’assiette fiscale, on se contente, comme sur une culture de rente, de deux ou trois sources de recettes, en disant de toute façon, si on a des problèmes, on augmentera le prix de carburant. Et automatiquement, on aurait ce qu’il faut. Or, ce qui prévalait il y a quarante ans,  ne fait plus le poids aujourd’hui. »

Selon le président de l’UDRG, la Guinée fait face à une population jeune, exigeante et à une demande sociale à satisfaire. « Donc, la manière dont les anciens dirigeants fonctionnaient, ne peut plus nous être utile. Nous sommes dans un monde complexe, avec des besoins nouveaux, avec une nécessité de faire face à des situations. Si vous continuez à gouverner la Guinée avec des idées d’il y a quarante ans, il va de soi que vous allez être déphasés. Les autorités actuelles et ceux qui se disent de l’opposition sont pour la plupart déphasés, parce qu’ils sont en manque d’idées. Ils sont ancrées dans le passé, ils ne se projettent pas à l’avenir alors que le pays a besoin de s’ouvrir, de répondre à des questions nouvelles », renchérit-t-il.

Yaya Doumbouya