La désignation de Fodé Bangoura comme Secrétaire permanent du Cadre du dialogue Guinéen suscite des réactions. Selon Ibrahima Balaya Diallo, président du Forum Civil Guinéen, notre pays est dans une forme de répétition de l’histoire avec les mêmes erreurs et les mêmes inconvénients. Dorénavant, il faut regarder l’avenir. Le passé reste le passé. «On connait l’histoire et le parcours de Fodé Bangoura. On n’a beau me dire qu’il connait l’administration, mais l’administration guinéenne, c’est quoi ? Il n’y a pas grand-chose, c’est même avec l’avènement d’Alpha Condé qu’on a commencé à former les gens, sinon avant c’était du clientélisme. C’est vrai que cette pratique persiste, mais en réalité depuis 60 ans, l’administration guinéenne c’est du clientélisme, du copinage ou des liens de parenté et c’est connu. Ce n’est pas seulement un problème guinéen, c’est un peu partout », insiste-t-il.

Si on veut faire un dialogue sincère, dit M. Diallo, il faut choisir les personnes sincères. Or, ces personnes en Guinée font défaut. « C’est-à-dire il n’y a pas d’unanimité et cela est très dangereux pour un pays. Des pays comme le Sénégal, il y a des personnalités, quand on leur assigne une tâche, tout le monde est d’accord. Mais je crois que toute cette forme de désacralisation est liée à l’environnement politique de la Guinée depuis l’indépendance, parce qu’on a tout déconstruit et il faut reconstruire. Reconstruire passe aujourd’hui par des discours francs, parce que qu’il faut que les gens aient le devoir de reconnaitre la vérité ».

Selon Balaya Diallo, le dialogue est bloqué par une seule personne et cette personne, c’est Alpha Condé. « C’est lui qui est le maitre des horloges.  Donc, lui seul peut débloquer la situation. C’est lui le décideur. Quand un homme politique monte dans un avion sur le point de décoller et qu’on l’en débarque sans raison, cela veut dire qu’il n’y a plus d’appareil judiciaire, qu’il n’y a plus d’appareil législatif et qu’il n’existe qu’un appareil exécutif super fort qui surplombe tout », dénonce-t-il.

La nécessité du dialogue

Pour le président du Forum Civil Guinéen, la Guinée est dans une sorte d’impasse et il faut qu’on en sorte. « Les populations sont asphyxiées. Aujourd’hui, pour gérer le quotidien, c’est extrêmement difficile. Il faut que nos gouvernants répondent à l’impatience parce que le peuple est impatient. Aujourd’hui, pour aller à l’intérieur, il faut des jours parce que nos routes sont détériorées, on a des problèmes pour se soigner parce que les frais sont devenus chers. Donc, il faut des réponses sociales, politiques et économiques. Or, la force aujourd’hui de l’opinion est exercée comme le disait Fidel Castro, le peuple aura toujours le dernier mot. J’ai l’impression que nos présidents et leurs conseillers sont des autistes, ils ne comprennent pas. Aujourd’hui, on n’est plus dans une question partisane, on est plutôt dans une posture post partisane. Il y a beaucoup de bruits, il serait plus que nécessaire que le président Alpha Condé apprenne à sortir pour voir comment les gens vivent, qu’il lise sur le visage des Guinéens que ça ne va pas. Il y a une grosse partie de la population qui est frustrée et il faut remédier à cela, car le dialogue passe par là. Mais aujourd’hui, quand on parle de dialogue, il faut montrer de la sincérité. Nous Africains avons une tradition de dialogue, on a l’habitude de dialoguer. L’arbre à palabres, c’est pour nous, où on dialogue de 8h à 18h. Après, le dernier mot revient au grand frère qui tranche. Maintenant, si c’est pour trouver une autre personne pour retarder les choses alors qu’il y a une grosse demande pressante et qui ne peut pas attendre, voilà les grilles de lecture pour comprendre que ça ne va pas dans un pays», conclut Ibrahima Balaya Diallo.

Kadiatou Diallo