La relance du débat autour du dialogue politique suscite des tensions. Tantôt certains partis politiques se pressent pour y aller, tantôt d’autres ne s’en préoccupent pas. Le président de l’Union des forces démocratique de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo, a posé des préalables pour participer à un quelconque dialogue. Chérif Mohamed Abdallah, le président du Groupe organisé des hommes d’affaires (GOHA), dit que tout le monde parle de dialogue alors que pour parler de dialogue, il faut un minimum. Selon lui, parler de dialogue à un moment de perpétuelles crises que traverse notre bled, est une perte de temps. «Je ne vois pas en Guinée qui va dialoguer avec qui. Notre avis compte aussi dans ce dialogue. Dialogue, dialogue… Depuis quand ? Depuis toujours. Nous avons des milliers d’opérateurs économiques victimes de destruction de leurs biens. Quand on parle de biens, certains politiciens se lèvent pour dire qu’ils sont favorables à ceci ou cela, alors que nous les opérateurs économiques sommes en majorité victimes de pillages, de destruction ou d’incendie de magasins. Vous pensez qu’un politicien peut parler en notre nom ou que les gens du pouvoir peuvent ouvrir un dialogue sans qu’ils ne nous associent ? Nous sommes citoyens à part entière».

Selon Chérif Mohamed Abdallah, tant que les opérateurs économiques ne sont pas intégralement dédommagés, tant qu’on ne cesse pas de les attaquer, de détruire leurs biens, ou de les intimider et tant que les frontières ne sont pas rouvertes, il n’y aura aucun dialogue. «Que cela soit clair pour tous : tout le monde est bouleversé. D’ailleurs qui va dialoguer avec qui ? Les politiciens vont comme toujours parler de politique, mais cela n’aura aucun impact. Nous contrôlons la situation. Le jour qu’on verra un politicien qui a du poids (parce que ce n’est pas tous les politiciens qui en ont, il y a certain qui n’ont même pas une boite de sardine). Ce ne sont pas ceux-ci qui vont parler en notre nom. Je vous garantis que personne ne peut parler en notre nom. Et si quelqu’un se hasardait à le faire, il saura de quoi nous sommes capables. Ce qui est passé est passé, le présent est tout le contraire. Tant que nous ne sommes pas rétablis dans nos droits, il n’y aura pas de dialogue. C’est cette démagogie qui empêche la Guinée d’aller de l’avant», lâche-t-il, d’un ton ferme.

A l’en croire, le GOHA compte entreprendre des actions : « Les jours à venir, nous allons demander à tous les commerçants et transporteurs de cesser toutes les activités commerciales sur toute l’étendue du territoire national. Et si un importateur étranger se hasarde à faillir à ses consignes, son produit sera boycotté non seulement sur notre sol, mais aussi dans les pays environnants», a-t-il promis. Selon des observateurs, les menaces du GOHA ne comptent plus, ce que Chérif nie. «Ce sont deux ou trois commerçants qui tiennent de tels propos. Dieu merci que je ne sois pas en Guinée en ce moment, parce que je vous rassure que je contrôle les opérateurs économiques depuis Dakar. Et tout le monde sait que Chérif Abdallah n’est pas quelqu’un de corrompu. Mais bientôt nous démasquerons ceux qui soutiennent ces propos.»

Kadiatou Diallo