A Gaoual, on ne sait plus où donner de la tête. Même l’information n’est pas sure d’elle-même. On a cru avoir affaire  à un problème guinéen des plus classiques : ras-le-bol d’un côté, gaz lacrymogènes de l’autre, puis débande, calme précaire, silence et la vie continue. Quitte à parler de paix et maintenant, de dialogue. Sauf qu’à Gaoual, la pauvreté est fondée sur l’or et la manipulation, le tout sous couvert de l’injustice et l’arrogance habituelles.

Nos confrères de www.guinéematin.com ont parlé de très vive tension ce matin, 22 juin dans le coin. «Plusieurs femmes et jeunes manifestent dans cette ville contre la fermeture des mines d’or découvertes récemment dans la préfecture. Il a fallu l’intervention de l’armée pour maîtriser la situation.» Selon l’envoyé spécial qui a décrit la scène, «tout a commencé par une manifestation de plusieurs femmes de Gaoual. Excédées par le chômage de leurs fils et la pauvreté des citoyens qui sont assis sur l’or, elles se sont rassemblées très tôt devant le siège de la douane dans le but de faire une marche pacifique pour réclamer l’ouverture des sites miniers aux citoyens de la préfecture. Mais, peu après leur arrivée sur les lieux, les manifestantes ont été surprises par une descente musclée des forces de l’ordre, composées de policiers et de gendarmes. Les agents ont fait usage de gaz lacrymogènes, provoquant une véritable débandade sur les lieux. Des femmes et de nombreux qui étaient jusque-là de simples observateurs, sont entrés dans la danse. Ils barricadent la route, brûlent des pneus pour exprimer leur colère contre l’interdiction de l’exploitation minière. A 11 heures, les forces de l’ordre se retrouvent débordées, et des militaires sont appelés en renfort. Les bérets rouges tirent à balles réelles…» Malheureusement, certains habitants commencent à voir des complicités sur tous les toits, même ceux qui abritent la presse elle-même. Ils accusent certains hommes et femmes des médias «de donner de fausses informations sur les événements de ce matin à Gaoual. Ils estiment que ce n’est un affrontement entre orpailleurs et forces de l’ordre. C’est archi-faux !» C’est une manifestation des habitants contre la complicité entre les forces de défense et de sécurité d’un côté et des orpailleurs clandestins de l’autre. Ces derniers exploitent l’or en pleine nuit sous la couverture des FDS moyennant des sommes d’argent de la corruption.
Et la répression est orientée exclusivement sur les populations autochtones de Gaoual.
Ils insistent auprès de la presse pour fouiller davantage sur tous les aspects de  la répression et surtout se prémunir contre «toute forme de manipulation consciente ou inconsciente de l’information.» Sinon, l’on ne saura pas où donner de la tête, croient-ils savoir.