Le 11 juin, le ministère de l’Environnement, des eaux et forêts, à travers un communiqué, a interdit la coupe et le transport du bois sur toute l’étendue du trottoir national à compter du 14 juin 2021. Cette décision ne plaît pas aux menuisiers qui plaident pour la consommation locale.
Rencontré le 16 juin, Abdoulaye Tenguiano, menuisier à Dabondy constate : «Actuellement, il y a un manque de bois en Guinée, l’environnement est en train de se dégrader parce qu’il y a des gens qui exportent illégalement le bois. L’Etat a compris cela et a interdit la coupe et le transport du bois dans tout le pays. Ce dernier temps, le bois est cher sur le marché, parce qu’il est rare. Il est normal que l’Etat interdise l’exportation du bois pour préserver notre environnement, mais il ne doit pas interdire la consommation locale du bois. Parce que tout le monde utilise le bois de façon direct ou indirect. Aujourd’hui, le bois est indispensable dans la vie de l’homme. Il est utilisé pour la construction des maisons, des portes, des chaises, des lits, des tables etc. L’État est libre de décider mais nous lui demandons d’autoriser la coupe et le transport du bois uniquement pour la Guinée».
Yaya Camara, également menuisier à Dabondy, de renchérir : «Cette interdiction nous met mal à l’aise. Aujourd’hui, nous achetons un bois (madrier) à un million de franc guinéen. L’interdiction de la coupe et le transport du bois par l’Etat va occasionner une augmentation du prix de vente du bois et finalement créer une crise».
Flambée des prix
Mohamed Sylla lui est menuisier à Bellevue. Faute de bois, il ne travaille pas. «Beaucoup de mes apprentis sont partis parce qu’il n’y a pas de boulot. Les prix du bois et de nos matériels de travails ont augmenté. Un paquet de pointe est à 30 000 GNF au lieu de 12 000 GNF, une boite de vernis qui était à 20 000 GNF est à 35 000 GNF, une boite de colle vaut 35 000 au lieu 15 000 GNF. La filière du bois aussi n’est pas bonne pour nous les menuisiers. Avant, c’étaient des menuisiers, des tapissiers, des charpentiers et des vendeurs de bois qui se retrouvaient dans la filière du bois, mais aujourd’hui, il n’y a que des vendeurs de bois qui ne défendent que leurs intérêts. Cette attitude n’est pas bonne pour les menuisiers qui sont beaucoup dont les intérêts ne sont pas pris en compte. Quand le camion envoie le bois, c’est la filière de bois qui donne aux vendeurs de bois et à leur tour nous donne le bois à un prix cher».
Mohamed Prospère Soumah, également menuisier à Bellevue, d’interpeller le gouvernement : «L’Etat ne crée pas de l’emploi et beaucoup de jeunes sont au chômage même après avoir étudié. Nous autres qui essayons de voler de nos propres ailes sommes parfois contraints par l’Etat à travailler dans des conditions difficiles. Actuellement le prix de tous nos matériels est cher. Vouloir interdire encore la coupe et le transport du bois aggraverait notre situation. Déjà, nos clients se plaignent de la cherté du prix de nos meubles et une autre crise pourrait empirer la situation».
Baïlo Diallo