La fin de la trêve ? L’assemblée générale virtuelle de l’Union des forces démocratiques de Guinée du samedi 8 juillet a entériné la proposition du comité des jeunes du parti en faveur de la reprise des manifestations de rue, suspendues depuis la crise post-électorale. À en croire le leader de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo, battre le pavé est devenu l’ultime recours pour reconquérir les droits et libertés confisqués à lui et à ses proches depuis la crise électorale de 2020 : droit de se réunir à leur siège fermé et gardé par les pandores, celui de voyager qu’on lui refuse ainsi qu’à certains de ses proches, la liberté de ses cadres et militants emprisonnés depuis neuf mois sans procès…

Sur toutes ses questions, l’UFDG a saisi la justice pour être rétabli dans ses droits, en vain. «Manifester dans les rues et sur les places publiques est un droit constitutionnel. Alpha Condé empêche les Guinéens d’exercer ce droit, en invoquant des arguments qui ne tiennent pas du tout la route. La direction nationale du parti a examiné la requête des jeunes, sur le principe, nous sommes d’accord. Nous attendons la fin des examens scolaires pour définir les dates et les formes de ces manifestations», a déclaré Cellou Dalein Diallo lors de cette dixième AG virtuelle de l’UFDG.

«Manifester n’est pas la panacée»

« En Démocratie, manifester dans des conditions déterminées, pour des causes louables et avouables, est un droit et une liberté pour le citoyen. En Guinée, un droit qui figure, d’ailleurs, en bonne place dans la Constitution », a réagi ce lundi 12 juillet le gouvernement à travers son porte-voix, ministre de l’Industrie et des PME. Et le Petit Bout Kamara de renchérir : « Cependant, un constat s’impose. D’une manifestation à une autre, ce droit constitutionnel qui est considéré comme un important acquis démocratique, a tendance, du fait de la manière dont il est perçu et exercé par certains, à être dévoyé, à se muer en une véritable menace pour la paix sociale, une permission de se livrer à des actes de défiance à l’encontre  des  lois et des institutions de la République  : ceux qui appellent à manifester semblent avoir leurs raisons et leurs objectifs ; et ceux qui manifestent  ont leurs méthodes et utilisent des moyens qui les opposent aux forces de l’ordre, parfois à d’autres citoyens, dans des circonstances et des proportions difficiles pour tous, quelquefois dramatiques ».

A propos du maintien en prison des militants et cadres de l’UFDG, le porte-parole du gouvernent répond : «Pourtant, dans le temps de la justice qui n’est évidemment pas du goût de tout le monde, des magistrats assermentés s’attellent à l’application de la loi sans tenir compte des pressions d’où qu’elles puissent venir. Avec l’autorité et la sérénité qui siéent dans le temple de Thémis».

Et cnclut Tibou Kamara : «En attendant  que chacun, à la faveur entre autres d’une sensibilisation des militants par leurs leaders, dont c’est la mission aussi, comprenne que manifester ce n’est pas casser, piller, brûler, encore moins tuer, la reprise éventuelle ou annoncée des manifestations ne peut être  l’ultime recours, ni la panacée». 

Diawo Labboyah