Le 23 octobre, les nounous du Collectif des victimes de déguerpissement à Kaporo-Rails, Kipé 2 et Dimesse, en 2019, sont sorties de leurs gonds, pour la première fois. Dans une déclaration, elles exigent l’arrêt, sur le site déguerpi, les travaux de la société ivoirine IMAAG-HOLDING, devant le siège de laquelle la déclaration a été lue. Les nounous réclament aussi justice dans cette « injustice ». « Nous remercions Dieu pour l’avènement du CNRD qui promet la justice et l’espoir. Mais ceux qui, usant de la violence d’Etat, nous ont dépossédés de nos biens, naviguent toujours dans les hautes sphères de l’administration. Pire, ils se moquent de l’engagement des autorités décidées à faire la lumière sur la gouvernance passée. Ils sont décidés à vendre nos terres à des étrangers et à d’autres Guinéens riches », s’offusquent-elles.
Poursuivant, les déguerpies indiquent qu’IMAAG-HOLDING travaille sur le site sans inquiétude, exploitant un domaine ainsi qu’une centrale à béton. «Tous les jours, des camions et machines sont en mouvement. C’est inacceptable ! C’est une moquerie à notre douleur. Nous demandons instamment aux autorités de mettre un terme à ces transactions illégales et immorales. Si nous voulons la reconstruction de notre pays, la vérité et la justice doivent nous guider. Les autorités militaires ont l’obligation morale et légale de remédier aux problèmes créés par Ibrahima Kourouma sur instruction de son maître Alpha Condé », invitent-elles.
La plainte du Collectif des victimes du déguerpissement déposée à la justice de la Cédéao traîne. La pandémie Covid-19 y serait pour quelque chose.
Pour l’heure, les nounous invitent l’Etat à reconnaître les « crimes commis par Alpha Condé » et mettre en place un plan de restitution et de dédommagement des propriétaires, ouvrir des enquêtes sur la « tragédie », afin de punir les coupables.
« Les opérations de ventes illégales de nos terrains constituent une entreprise de fraude pour enrichir des éléments de l’administration. Elles vont compliquer un dossier simple à régler. Les femmes de Kaporo-rails, Kipé 2 et Dimesse saisissent l’occasion pour rappeler qu’elles et leurs familles ont été victimes de toutes sortes d’humiliation par le régime d’Alpha Condé. Outre la démolition de nos propriétés, nous avons été brutalisées, insultées et jetées dans la rue comme des étrangères. Nos vies ont été détruites, car nos familles vivent de manière précaire à Conakry, Coyah, Dubréka… où le plus souvent, certaines d’entre nous sont séparées de nos enfants ou de nos maris, faute de moyens. 3 641 enfants ont été privés de leur droit d’aller à l’école », soulignent-elles avant de renchérir : « Nous avons survécu depuis plus de deux ans dans une Guinée où le plus fort écrasait le plus faible. Des époux qui ont servi la République sont morts en laissant des centaines de veuves avec leurs enfants sans assistance. Le désespoir pousse certains de nos enfants à s’exiler, en bravant l’océan. On a enregistré plusieurs décès dans la Mer Méditerranée. »
Les femmes du Collectif sont en attente d’une audience avec le Prési de la Transition, Laye-M’a-dit Doumbouya, a qui, elles ont adressé précédemment un mémorandum sur le déguerpissement de Kaporo-rails, Kipé 2 et Dimesse.
Yaya Doumbouya