Au niveau des marchés de Cona-cris, des vendeuses transforment les emprises des artères principales en lieux de vente de condiments et autres biens. Cette attitude crée d’énormes bouchons. C’est dans ce cadre que les autorités ont installé des murets devant les marchés, pour libérer la route et faciliter la circulation. Mais ils n’ont pas empêché les débordements. Vendeuses et vendeurs envahissent les emprises des routes. Le CNRD a sorti un communiqué le 9 octobre, pour leur demander de libérer les lieux, immédiatement.
Les administrateurs de marchés s’évertuent à faire appliquer cette mesure. Le 15 octobre, au marché d’Enco 5, ces administrateurs et autres agents de Sécurité circulaient, retiraient les articles des vendeuses qui ont dépassé les murets pour écouler leurs marchandises. Ils réclamaient une caution avant de les restituer aux proprios. Une attitude qui n’a pas plu aux commerçants.
Aminata Camara, vendeuse de boissons, explique le calvaire : «Depuis toute petite, j’ai commencé à revendre au niveau du marché. Les administrateurs nous déguerpissent, alors que ce sont eux-mêmes qui nous réinstallent. Au lieu de nous retirer nos marchandises, ils devraient nous dire de quitter. Mais ils prennent non seulement nos marchandises, ils les gardent mais nous demandent de payer avant de nous les restituer. Quand nous leur donnons l’argent, ils continuent à garder nos marchandises jusqu’au soir. Lorsqu’on revient le soir, ils nous réclament aussi de l’argent. Parfois, nous payons 30 000 ou 50 000 francs guinéens alors que nos marchandises ne valent pas cela».
Selon la jeune fille, les administrateurs du marché sont corrompus : « Les administrateurs et les policiers sont les mêmes. Ils ne font que nous racketter. Avant, c’était seulement les administrateurs du marché qui déguerpissaient ou demandaient 4 000 francs guinéens aux vendeurs de boissons, 10 000 aux vendeurs de poissons. Récemment, les policiers les ont rejoints. Maintenant que les policiers sont venus, les administrateurs font semblant de nous déguerpir ».
Selon elle, les femmes occupent les emprises de la voie, à cause du manque de places à l’intérieur du marché : « Nous ne pouvons rien faire, parce que c’est l’autorité, si nous ripostons on nous envoie à la CMIS. Nous sommes conscients que c’est la route et cela est un danger pour nous, mais à l’intérieur, il y a un manque de places. Quand nous y entrons, les autres nous disent que c’est leurs places et elles nous demandent de quitter… »
Abdourahmane Barry, étudiant au chômage reconverti en commerçant est conscient que la route doit être libérée, mais il accuse un manque d’organisation dans le marché : «L’attitude des autorités nous inquiète. L’Etat devrait nous chercher un endroit où vendre avant de nous demander de quitter. Si nous sommes là, c’est parce que nous n’avons pas le choix. La situation est compliquée, il faut sortir pour chercher de quoi vivre. La libération des routes est à l’avantage de tout le monde. Il y a des places dans le marché, mais c’est désorganisé. Il faut que les administrateurs du marché viennent organiser pour que chacun ait sa place. Même quand nous déposons de la marchandise sur les murets, les agents viennent nous demander de les enlever».
Ismaël Diakité, administrateur du marché d’Enco 5, est catégorique. Il n’y a pas de demi-mesure dans l’application de la loi : «Elle sera respectée chez nous. Nous sommes en synergie avec la police communale et la CMIS, pour mettre chacun à sa place. J’ai reçu des instructions fermes de la hiérarchie pour veiller à cela. Dès qu’il y a débordement, j’appelle la police communale pour agir. Les femmes qui se plaignent du manque de places au marché viennent nous voir au bureau. Il y a suffisamment de places confiées au bureau, pour les mettre en location, il y a même d’autres en vente. Le problème est que les vendeuses veulent rester dehors et les clients ne veulent pas aussi entrer dans le marché. Il y a des conducteurs qui préfèrent rester dans leurs voitures, pour faire des achats, sans penser que cela crée de l’embouteillage. La hiérarchie nous a donné des instructions : si nous saisissons de la marchandise, il faut l’envoyer, même si c’est au gouvernorat. A défaut, si nous saisissons des marchandises d’une valeur de 10 000 francs guinéens, nous leur demandons de payer 100 000 ou 50 000 francs guinéens, pour les dissuader. Mais si l’amende est inférieure à la marchandise, elles vont préférer payer cela sans quitter.»
Bailo Diallo