La Guinée a ouvert la voie à l’indépendance des colonies subsahariennes; l’agression portugaise du 22 novembre 1970, la phase la plus troublante du complot permanent.
Prix de loyaux services
Les fondateurs de l’armée, loyaux serviteurs de la dictature, disparurent dans les geôles de la révolution : Kéita Fodéba, ministre de l’Intérieur et de la sécurité ; le colonel Kaman Diaby, chef d’état-major adjoint de l’armée en 1969; le général Kéita Noumandian, chef d’état-major de l’armée, en 1971.
Qui a tué Amilcar Cabral ?
Le PAI-GC avait établi son QG à Conakry en 1962. La Guinée servait de base-arrière à l’armée de libération de la Guinée-Bissau. Les prisonniers étaient écroués en Guinée. Les zones libérées couvraient deux tiers du pays en 1967-1968. Les assauts des hélicoptères de combat ralentissaient leur expansion. Le pilote d’un appareil abattu par la DCA fut emmené en Guinée. L’étoile montante du nationalisme africain le tenait pour un atout majeur pour amener le Portugal à la table de négociations. Après l’échec des bons offices de plusieurs personnalités pour le libérer en échange de la libération de nationalistes, le Portugal s’était tourné vers Sékou Touré qui ne pardonna pas à Cabral son refus.
À la mission d’information du conseil de sécurité de l’ONU qu’il reçut le 30 août 1971, Sékou Touré dit : «Le plan de l’opération baptisée 553 554 70 74 qui a servi à l’agression était entre nos mains. Nous ne l’avions pas à l’époque mis à la disposition du conseil de sécurité de l’ONU». Ni à la mission spéciale d’information (25-27 novembre), ni à l’état-major de l’armée.
Cabral fut assassiné le 20 janvier 1973. «Nous n’avons pas pu encore effacer de notre histoire récente tout ce qui ne fait pas la gloire de la Nation.» (feu Aboubacar Somparé, président de l’Assemblée nationale).
Alyou Barry