Dans le cadre de la lutte contre les violences basées sur le genre, l’OGDH (Organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme), avec le soutien de l’Ambassade de France et l’appui technique de l’ONG Avocats sans frontière-France, a organisé les 3, 4 et 5 novembre, un atelier de formation à l’intention d’un groupe de journaleux. Thème : « Vulgarisation d’une étude du cadre juridique et institutionnel des droits des femmes ».

L’OGDH veut, à travers la formation, permettre aux hommes de médias et aux professionnels de la communication de s’approprier « le contenu du rapport de l’étude du cadre juridique et institutionnel de protection des droits des femmes en République de Guinée ». La rencontre vise spécifiquement à permettre aux participants de comprendre les textes nationaux, les traités régionaux et internationaux qui portent sur la « protection des droits des femmes auxquels la Guinée est partie. A cerner davantage le rôle des différentes institutions/structures nationales en charge de la protection des droits des femmes en Guinée et à réfléchir autour de la problématique (défis/et obstacles) à la mise en œuvre des droits des femmes, ainsi que des actions des principaux intervenants dans le secteur ».  

La Photo de famille (des participants)

Dans son laïus d’ouverture, Souleymane Bah, président de l’OGDH, a mis l’accent sur l’importance du débat qu’une telle étude pourrait susciter, notamment chez les hommes de médias et les professionnels de la communication. Il dira que cette étude n’est certes pas « exhaustive sur la problématique des droits de femmes en Guinée, mais elle constitue un bréviaire important qui pourrait contribuer à l’enrichissement du débat sur la mise en œuvre des droits de femmes en Guinée. L’appropriation dudit rapport par des journalistes et des professionnels de la communication constitue un relai important pour renforcer la promotion et la protection des droits des femmes en Guinée ».

La représentante de l’Ambassade de France en Guinée, elle, a motivé leur implication dans cette activité par le fait, que la question des femmes occupe une place de choix au sein de son institution diplomatique. Celle de l’ONG Avocats-sans frontière, a insisté sur la nécessité de vulgariser une telle étude.

Pour la première journée, les débats ont essentiellement porté sur la Déclaration universelle des droits de l’Homme et la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Le facilitateur, Thierno Sadou Diallo, s’est évertué à clarifier certains concepts. Il définira les droits de l’Homme, entre autres, comme les garanties juridiques universelles qui protègent les individus et les groupes contre tout acte des gouvernants portant atteinte à leurs libertés fondamentales et à leurs dignités. Il a mis l’accent sur les principales caractéristiques de ces droits, tournant autour des deux principes fondamentaux, elles sont universelles et inaliénables, indivisibles et interdépendants. Il s’est focalisé sur le droit international des droits de l’Homme (DIDH) et ses rôles. Thierno Sadou Diallo a également porté un regard sur les mécanismes conventionnels (organes de traités, experts indépendants…), les conventions spécialisées, mais aussi les mécanismes extra-conventionnels.

Pour ce qui est de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, Muyomona Kabuya est revenu sur son adoption en 1979 par l’Assemblée générale des Nations-Unies, son entrée en vigueur en 1981 et sa ratification par la Guinée en 1982. Cette convention réaffirme le principe d’égalité entre les hommes et les femmes. Elle définit la notion de discrimination et établit un programme d’actions visant à atteindre l’égalité dans tous les domaines. Les trois grands principes, à savoir, l’égalité, la non-discrimination et la responsabilité des Etats ont été décortiqués. Le facilitateur a également passé en revue les 16 articles constituant la convention. De l’article 1er qui définit la discrimination à l’article 16 qui traite du problème du mariage et des rapports familiaux, en passant, entre autres, par ceux qui font allusion à la nullité des instruments tendant à limiter les capacités juridiques des femmes, à leurs prestations économiques et sociales, à la maternité et à la nutrition, à l’égalité des droits en matière d’emploi, à la lutte contre l’exploitation des femmes…

Les deux derniers jours, formateurs et participants ont échangé sur la résolution 1325 consacrée aux femmes, à la paix et à la sécurité, à ses piliers, au protocole de Maputo, à ses enjeux et objectifs, à la Politique nationale genre, à ses fondements et à ses orientations, au Code pénal, au Code de l’Enfant. Excusez du peu !

L’atelier a pris fin par l’indentification des actes qui pourraient aider à inverser la tendance. Entre autres, la sensibilisation, l’éducation des femmes, leur autonomisation, la lutte contre certaines pesanteurs sociales et culturelles ou encore l’application stricte des lois protégeant les femmes. Vaste programme !

Yacine Diallo