De Sékhoutouréya au Palais Mohamed V, Alpha Grimpeur va-t-il bientôt rentrer chez lui à Kipé, commune de Ratoma ? En phase de finition, les travaux de la reconstruction de sa résidence ont été accélérés après le putsch du 5 septembre.
Ce vendredi 19 novembre à 18h. Des jeunes jouent au football dans une ruelle perpendiculaire à la T2 reliant le Centre-émetteur de Kipé au rond-point de Bambéto. Jusqu’à quand pourront-ils jouer dans ce couloir qui mène à la maison de l’ancien locataire de Sékhoutouréya ? Pas très longtemps, à en juger par la vitesse à laquelle les travaux, démarrés depuis deux à trois ans par Alpha Grimpeur soi-même, ont été accélérés dès le lendemain du 5 septembre. « En octobre, il y avait des activités sur le chantier jour et nuit. Maintenant, ils ont ralenti la cadence », confie un habitant du quartier.
Le Grimpeur et le Doum-bouillant ne peuvent pas indéfiniment cohabiter au Palais Mohamed V. Tous les deux semblent d’accord sur une chose : l’ancien président restera en Guinée, mais où ? En liberté comme le souhaite la Cedeao ? Sans doute pas. La reconstruction de sa résidence à Kipé a-t-elle été hâtée pour qu’il y soit transféré ? «Oui. Ce sont les instructions de Mamadi Doumbouya. Il suit personnellement les travaux de construction, semble-t-il», souffle un baron de l’ancien régime.
Agrandissement
La nouvelle bâtisse en béton armé a été construite près de l’ancienne résidence. Celle-ci avait, le 19 juillet 2011, essuyé une attaque armée bizarre qui, officiellement, visait à renverser Alpha Grimpeur fraîchement arrivé au pouvoir à la suite d’une présidentielle très disputée. Le 21 mai 2013, en plein procès contre les auteurs présumés du putsch, la Cour d’assises avait alors effectué un transport judiciaire sur les lieux. L’objectif était de constater des indices de l’attaque. Sur la villa présidentielle, aucune trace de l’assaut (qui aurait duré deux heures) n’avait été constatée. La bâtisse avait été retapée auparavant. Le transport judiciaire, au lieu d’éclairer les zones d’ombre, avait jeté davantage le flou sur l’affaire. « Seul le criminel a intérêt à faire disparaître les preuves du crime. Pourquoi avoir rénové le domicile et réparé les véhicules endommagés ? » s’était interrogé un des avocats (sans vinaigrette) des accusés. Des petits malins avaient cru apercevoir des tôles sur lesquelles on avait tiré de bas en haut !
Par contre, des impacts des balles avaient pu être observés dans des concessions voisines. La plupart de ces concessions ont été rachetées pour grandir la vaste propriété de l’ancien président. Des langues fourches croient savoir que l’ancien président a proposé le double de leur valeur. Il s’est trouvé, malgré tout, un proprio bien connu dans la zone qui a refusé l’offre alléchante, arguant qu’il ne souhaitait pas voir sa famille dormir à la belle étoile. Ce voisin téméraire n’aurait certainement pas versé beaucoup de larmes après la chute d’Alpha Grimpeur.
On sait que la résidence de l’ex-président est située d’est en ouest entre deux établissements scolaires ; délimitée côtés nord et sud par deux ruelles bitumées. Elle est ceinturée par une clôture d’environ six mètres de haut, à vue d’œil, avec deux grandes entrées principales et une petite, toutes fermées par de solides portails coulissants. Tout en voulant finir ses jours au Palais, Alpha Grimpeur mijotait certainement un plan B qui lui évite d’être aujourd’hui un sans-abri.
Diawo Labboyah