Sommés de quitter les lieux dans un délai de 72 heures à compter du mercredi 9 février, dans la matinée de ce 11 février, les occupants de la ferme de Kaporo: garagistes, vendeurs, soudeurs et autres, étaient sur les lieux, pour déguerpir avant l’arrivée des bulldozers. A 10 heures, les autorités communales et locales, les agents de la Gendarmerie et de la Police communale avaient investi le coin, pour assister à l’opération de déguerpissement. Celle-ci a commencé à 11 heures, après que certains occupants ont pris leurs biens. Des déguerpis ne sont pas contre l’opération, mais ils déplorent le délai « court » de 72 heures qui leur a été accordé et doutent de la réalisation des infrastructures annoncés, puisque ce n’est pas une première.
Mohamed Diop, soudeur, est favorable au déguerpissement, mais il regrette la manière : « L’Etat a raison de récupérer son domaine, mais il faudrait nous donner un délai raisonnable pour déguerpir. L’Etat doit aussi faire des réalisations sur le domaine, après le déguerpissement ».
Fatoumata Binta Camara, gérante d’un bar café, se lamente : « C’est ici que je me débrouillais pour gagner ma pitance, mais le 9 février, les agents de la Police sont venus nous dire de quitter dans un délai de 72 heures. Ils nous ont dit que l’ordre vient du Président de la République, le colonel Mamadi Doumbouya. Je vais prendre mes biens et rentrer, puisque je n’ai pas un autre endroit. Je demande à l’Etat de nous venir en aide ».
Alpha Oumar Sacko, maire par intérim du Conseil communal de Ratoma, revient sur les circonstances du déguerpissement: «Nous sommes sur le site de la ferme de Kaporo, pour essayer de dégager les occupants anarchiques. La ferme est devenue un lieu où toutes les mauvaises choses se passent. Les citoyens sont venus s’accaparer des lieux et l’ont transformé en un lieu où tout est permis. Le gouvernement nous a signifié qu’il a un projet de construction de Blue-zone, un hôpital, un terrain de football, et un marché moderne sur le lieu. Il est de notre devoir de dégager complètement les lieux pour permettre aux autorités de nous assister, pour construire des infrastructures socio-économiques, pour le bien-être de la population de Ratoma ».
Pour répondre à ces occupants qui déplorent le « court » délai de 72 heures, Alpha Oumar Sacko explique : «Depuis trois semaines, à la commune comme au gouvernorat, nous avons envoyé une équipe pour sensibiliser les occupants. Le chef du quartier m’a notifié que même dans les mosquées, l’information a été relayée. Depuis avant-hier (mercredi 9 février Ndlr), nous sommes là pour le marquage. Tout le monde savait que ce matin, nous devrions venir commencer le déguerpissement ». C’est désormais chose, pour les infrastructures annoncées, on croise les doigts.
Bailo Diallo