L’ancien gouverneur de la Banque centrale, Loulou Nabé, a été inculpé mercredi 23 mars par la Cour de répression des infractions économiques et financières et placé sous mandat de dépôt à l’hôtel cinq étoiles de Coronthie.

Il est accusé de détournement de deniers publics, d’enrichissement illicite, de corruption et blanchiment de capitaux. L’ancien gouverneur a été cuisiné de 12 heures à 16 heures par le parquet de la CRIEF sur une affaire de trois tonnes d’or avec la société de droit belge, Affinor.

Selon les informations, l’affaire porte sur une quantité totale de 12 tonnes. La BCRG avait convenu dans son contrat avec le raffineur belge de vendre le produit fini en fonction du cours de l’Or. Ainsi, 9 tonnes ont été raffinées et vendues, les recettes encaissées par la BCRG.

Les 3,14 tonnes sont encore chez Affinor et n’ont pas encore été vendues. C’est ce magot qui crée des ennuis à Louncény Nabé. Les nouvelles autorités l’accusent d’avoir conclu un marché de gré à gré avec Affinor.

L’affaire du chèque

Ce n’est pas tout. Louncény a aussi des soucis au sujet d’un chèque de 4 milliards de francs guinéens. Poursuivi pour « abus de fonction et vol » portant sur un chèque de plus de 4 milliards de francs guinéens, Loulou Nabé, a comparu le 23 mars 2022 devant le TPI de Kaloum. Il a reconnu avoir connaissance du chèque, mais qu’il l’a remis aux ministres de la Justice d’alors Mory Doum-bouillant.

«C’est une communauté d’une exploitation minière qui a bénéficié d’un dédommagement de la part de la société GAC. La Société Générale des banques en Guinée qui abrite le compte de la société GAC a émis un chèque au nom de l’huissier de la communauté. L’huissier a déposé son chèque auprès de sa banque UBA ; et, la banque UBA a envoyé le chèque à la BCRG pour la compense. Pour l’affaire de ce chèque, le ministre de la Justice, Garde des Sceaux d’alors, Me Mory Doumbouya, a été saisi par son homologue des Mines et de la Géologie, Abdoulaye Magassouba. Les deux m’ont demandé de déposer le chèque au ministère de la Justice pour des fins de médiation entre les parties. J’ai pris le chèque, je l’ai envoyé au ministère de la Justice. Le ministre Mory Doumbouya m’a dit qu’il a réussi à convaincre une des parties, la médiation a été engagée, mais elle a échoué. Le chèque a finalement été retourné à la BCRG. Moi-même j’ai initié une médiation qui n’a pas prospéré. Mais, aussitôt que cette médiation a échoué, j’ai pris la retraite », a dit Dr Louncény Nabé.

Devait-il toucher ce chèque ? Louncény Nabé reconnait que non, il ne devrait pas. S’il l’a fait, c’est pour répondre à la demande du ministre de la justice Mory Doumbouya qui est la tutelle des Cours et tribunaux et le ministre des Mines (Abdoulaye Magassouba). «Sinon, je n’ai pas l’habitude d’intervenir dans ces opérations ».

L’audience est renvoyée au 6 avril prochain, pour le dépôt du chèque concerné au Greffe du tribunal et la comparution des anciens ministres Mory Doumbouya et Abdoulaye Magassouba.

Diallo O