Le 21 mars à son siège de Boulbinet (Kaloum), le CNP-Guinée, Conseil national du patronat guinéen a organisé une conférence de presse. Au menu, la crise du leadership dans le secteur privé. Mohamed Habib Hann, le président du CNP-Guinée, appelle toutes les composantes du patronat à mettre fin à la cacophonie et au bicéphalisme dans le secteur privé guinéen. Il s’est dit disposé à renoncer à son mandat en cours, au nom de la réunification patronale, afin qu’un nouveau congrès soit tenu dans la transparence. M. Hann invite l’autre camp, notamment celui de Kaba Guiter, autour de la table, et à respecter les règles et procédures en la matière. D’ores et déjà, Mohamed Habib Hann préconise la mise en place d’un bureau provisoire afin de réunir toutes les composantes du secteur privé guinéen, pour aller enfin au congrès. « Nous sommes disposés à être avec tout le monde. Un congrès électif, transparent pourrait redonner crédibilité au secteur privé. J’ai sollicité le Président de la Transition qui souhaite la restructuration du secteur privé guinéen. Le gouvernement a mis en place la Chambre du commerce, mais le Patronat est confronté à des divergences. Ce qu’il y a lieu de faire, c’est de mettre sur pied un patronat unique, afin que toutes les forces convergent vers la même vision. Je ne suis pas opposé à ce que tout le monde soit autour de la table, sinon je suis élu démocratiquement dans la plus grande transparence », explique le président du CNP-Guinée.

De l’autre côté, Kaba Guiter est considéré aussi comme responsable du Patronat guinéen. Mais, selon Mohamed Habib Hann, «l’auto-proclamation ne conduit pas à la représentativité » d’un bureau patronal, la cacophonie ne sert à rien. « Dire que Kaba Guiter a été reconduit, c’est une mauvaise lecture des choses. Je voudrais que tout le monde comprenne afin que l’on se débarrasse des différends qui ont gangrené le Patronat. Il n’est pas un adversaire. C’est une incompréhension née entre ceux qui sont prêts à conduire le secteur privé guinéen. Il y a des polémiques à un certain moment, mais nous voudrions que tout le monde soit au même niveau d’information », indique le conférencier. Il invite tous les acteurs du Patronat à avoir une vision, une philosophie et d’éviter d’instrumentaliser le Patronat.

Par ailleurs, le président du CNP-Guinée indique que le patronat a tissé des relations «extrêmement importantes » hors de nos frontières. Il dispose d’un bureau à Paris, un autre à Dubaï, un en Ouganda (Afrique centrale). Il projette aussi d’implanter une représentation du patronat guinéen dans plusieurs autres pays jugés importants. Selon M. Hann, le bureau de Paris est en étroite collaboration avec la diaspora guinéenne dans l’Hexagone, afin qu’elle puisse investir en Guinée. « La diaspora doit avoir des structures locales pour l’aider à veiller sur ses projets d’investissement qu’elle a dans le pays », précise-t-il. 

Les marchés publics n’intéressent pas à  Mohamed Habib Hann. Selon lui, l’aventure ne l’a jamais tenté, ce n’était pas sa « vocation ». « Je manage des entreprises qui font des recettes, elles s’acquittent aussi des taxes. J’ai également des partenaires dans plusieurs autres entreprises. L’objectif est de les amener à financer des projets de transformation des matières premières en Guinée. Je n’ai pas l’ambition de m’aventurer vers les marchés publics, car notre but est de créer de l’emploi et développer nos activités », conclut-il.

 Yaya Doumbouya