Le 5 septembre 2021, l’avènement du CNRD a suscité beaucoup d’espoirs au sein de la population guinéenne. Le peuple guinéen a été libéré de son dictateur. La longue et courageuse lutte populaire contre le coup d’État constitutionnel du 22 mars 2020 a été parachevée par le Groupement des Forces Spéciales, qui ont su faire preuve de courage et de responsabilité. Les premières déclarations et décisions du Colonel Mamadi Doumbouya sont allées dans le bon sens de l’instauration de la bonne gouvernance, de la justice et de la paix civile. Pour autant, il est indispensable que la transition puisse répondre aux aspirations légitimes du peuple guinéen en intégrant des réformes courageuses en termes d’efficacité et de moralisation de la vie publique.
Transparency International, organisme de d’étude de la corruption à l’échelle mondiale, a dévoilé, le 25 janvier 2022, son classement 2021 de la perception de l’état de la corruption dans 180 pays dans le monde. Tenez-vous bien, la Guinée est toujours parmi les mauvais élèves et reste classée parmi les pays les plus corrompus en Afrique de l’Ouest.
Le nouveau rapport de l’organisme mondial de lutte contre la corruption, basé en Allemagne, mentionne que la Guinée a perdu trois points par rapport à 2020. Elle se trouve à la 150ème place sur un classement de 180 pays.
La corruption ronge notre pays, elle entrave l’action de l’État, crève ses budgets et est à la source de la profonde crise de légitimité dont souffrent toutes nos institutions publiques et notre personnel politique. La lutte contre la corruption est un combat prioritaire pour que la Guinée retrouve le chemin de l’unité, que l’État reprenne un fonctionnement normal et que les Guinéens retrouvent confiance dans leurs institutions et leurs représentants.
La création et l’opérationnalisation de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) est une grande avancée en la matière. Mais il faut aller plus loin encore. Afin de prévenir tout soupçon d’enrichissement illicite de la part des dirigeants en fonction, la création d’une autorité de contrôle des patrimoines des personnels politiques et administratifs s’avère incontournable. Celle-ci aurait pour vocation, comme c’est le cas dans de nombreux pays, d’évaluer les variations de patrimoine des dirigeants durant leurs fonctions, afin d’estimer s’il y a pu avoir corruption et/ou enrichissement illicite. Sa mission serait de :
(i)collecter les déclarations de patrimoine des dirigeants qui entrent en fonction et sortent de fonction, et les rendre publiques ;
(ii) contrôler la véracité de ces déclarations, en collaboration avec l’administration fiscale ;
(iii) transmettre les cas douteux à la CRIEF pour enquête.
Les dirigeants concernés par ces déclarations seraient : (i) le président de la transition ; (ii) les membres du gouvernement ; (iii) les membres du CNT ; (iv) les membres du CNRD ; (v) les plus hauts responsables de toutes les administrations et entreprises publiques, jusqu’au niveau des directeurs nationaux.
Cette étape s’avère indispensable pour prendre les actions des nouvelles autorités au sérieux dans l’ambition d’une gouvernance patriotique et vertueuse en Guinée.
Sékou Koundouno, Responsable des Stratégies et
Planification du FNDC, Membre du Réseau Afrikki NetWork