Longtemps réclamé par la classe politique, la junte a finalement ouvert un dialogue.  Ou du moins une possibilité de dialoguer avec les Assises nationales prévues le 22 mars. Mais avant, le ministre de l’Administration du territoire, Mory Condé, reçoit la société civile et les religieux.

Le ministre a rappelé que cette idée de cadre de dialogue a germé en janvier, lorsque la junte a reçu la classe politique pour des discussions sur la transition. Lors de la rencontre, la classe politique a exprimé l’intérêt d’ouvrir un cadre de dialogue. Le MATD aurait alors travaillé sur un projet de création d’un cadre de dialogue qu’il a soumis au Premier ministre et au Président de la Transition. Ces derniers lui ont demandé s’il a consulté les acteurs politiques par rapport au type de cadre de dialogue qu’ils souhaiteraient avoir et si la société civile s’est prononcée sur les prérogatives et le contenu de ce cadre de dialogue ? Non !

Ainsi est né ce cadre de concertation pré-assises. « Est-ce que c’est un cadre de dialogue strictement politique en dehors des acteurs de la société civile ? En d’autres termes, ce cadre discutera-t-il des questions éminemment politiques ou qui régissent la vie de la nation ?  C’est ce qui a motivé l’initiation de cette discussion ».

Alors le ministre Condé a entamé des séries de discussion avec les coalitions des partis politiques. Il recevra ensuite les différentes plateformes de la société civile, les centrales syndicales et les confessions religieuses. A la suite de ces discussions, « nous allons faire parvenir aux acteurs consultés, les conclusions et la synthèse de chaque catégorie par rapport à leurs positions sur le cadre de dialogue qui doit s’ouvrir. Cela nous permettra d’affiner le document du projet de création du cadre de dialogue qui doit être pris par le Président de la République par décret. De façon consensuelle, nous allons nous retrouver avec les acteurs politiques et les autres en fonction des recommandations que nous allons obtenir, et ensuite ouvrir le cadre de dialogue ».

Parle-t-on de cadre de dialogue ou d’Assises nationales ? Mory se veut sans équivoque. Selon lui, ce sont deux choses différentes. Le 22 mars, la junte va lancer les assises nationales. « C’est juste une coïncidence ». Pour les assises, la junte dit vouloir mettre en place une Commission nationale chargée de coordonner les activités sur le territoire national. Et l’ensemble des acteurs seront invités à appartenir à cette coordination, pour leur conduite.

Finalement, il va y avoir la concertation, le dialogue et les assises, sans compter la tournée du CNT à l’intérieur du pays pour, dit-on, recueillir « les avis et les préoccupations du peuple ». Ce mécanisme de dialogue dans le dialogue risque de noyer les vrais problèmes dans des débats interminables, notamment le retour à l’ordre constitutionnel.

Tout cela rappelle les innombrables dialogues tenus sous Alpha Condé, dont les conclusions n’ont jamais été mises en œuvre.

Diallo O